Ombre et lumière

Aimer, être aimé

Le cœur a ses raisons

Jusqu’à cet abandon,

Ce divin mal aimé.

Mort et résurrection

De folles passions

Jusqu’à la perfection

D’une idéale fiction.

L’ âme vagabonde

Sur les eaux profondes,

Cherche sa lumière

Jusqu’à l’ultime prière.

Quête vers le bonheur

D’amours sans pleurs.

Immortalité originelle

D’espérance éternelle.

Âge d’or d’un vitrail

Au mystérieux portail.

Exceptionnel instant

Sublime et rayonnant.

25 Décembre 2024  Jeannine Castel

Photo Fanny Boom

Un phare dans les ténèbres

La beauté de ce phare dans les ténèbres

Fait oublier un instant la marche funèbre

Qui attend chaque espèce ici-bas.

Le rouge gorge, lui aussi, vit un combat.

Il est venu divertir ton matin,

Te siffler quelques jolis refrains

Car sa solitude avait grande faim

En ces jours froids et incertains.

Il essaie d’une touche poétique

De rendre à la poésie son verbe unique

Que des gestionnaires cossus, gloutons,

Ont mis au rébut sans aucune façon.

Auréolé de lumière, sur ses frêles pattes,

Ce phare dans les ténèbres avait hâte

D’entendre tes volets claquer comme la voile

Gonflée par le vent sous les étoiles.

Ce petit rouge gorge a ranimé la plume

D’une poésie perdue dans les brumes.

Petite créature venue nous enchanter,

Nous montrer la beauté de l’éternité.

18 Décembre 2016  Jeannine Castel

Photo Isabelle Huguel

Miam !

Quelque pitance pour cette reine

Vêtue de vert sans ses mitaines,

Reine de la flibuste parmi les corsaires.

Ses trois bandeaux cachent le mystère

De ses fines moustaches de mousquetaire.

Autrefois détrônée par l’aigle,

Elle ulule contre ces insectes espiègles

Qui contestent le titre de son roi.

Et pour prouver sa bonne foi

Le Sire, caché sous les ailes d’un aigle,

À la barbe des lois et des règles,

Dérobe sans le moindre faux-col

Son titre d’un ambitieux haut vol.

Victorieux, il se proclame Roi des oiseaux,

Règne dans les forêts peuplées de passereaux.

Sa reine coiffée d’une calotte jaune citron

Pour fêter cela s’offre un bon gueuleton.

Son appétit d’ogresse n’a pu attendre

Le retour de son cher et tendre

Qui s’est attardé pour un casse-croûte offert

Par des locataires de son boisé univers,

Sous une ovation grouillante vite ingurgitée,

Du côté de Genève, selon les news du « Roitelet »

27 Novembre 2024 Jeannine Castel

Photo Jacques Herbreteau

Un soleil d’hiver

Un soleil d’hiver

Réchauffe mon univers

En ces temps chaotiques

Et si peu poétiques.

Quelques sons sur ma guitare

Me font oublier ce tintamarre

Des nouvelles du quotidien

Peuplées de nombreux vauriens

Qui me dorent la pilule.

Fragile et vieille funambule,

J’observe cette grande aigrette

Loin de la censure trouble-fête.

Et comme elle, en équilibre,

Je profite du champ libre

Qui m’est encore offert

Pour me divertir du bras de fer

Qui m’assomme dès que je regagne

Les faits divers et leur hargne

Où monts et merveilles du passé

Sur la corde raide se retrouvent dépassés.

Un soleil d’hiver

Sur ces quelques vers…

5 Décembre 2024 Jeannine Castel

Photo Christian Morin

Invitation

Au large de l’île d’Unguja,

À des lieues de flottaison d’Abuja,

Ce restaurant niché sur un îlot

Est inaccessible aux autos et vélos.

Seule la barque et son rameur,

Loin de Zanzibar et ses clameurs,

Accoste, selon la météo, pour offrir aux visiteurs

Un menu concocté par Merlin l’enchanteur.

S’immerger dans ce paradis tropical,

Au charme unique et peu banal,

Attire la dévoreuse curiosité

Des convives, las des salons de thé.

Sur cette esplanade rocheuse,

Mon âme gourmande, voyageuse,

D’un permanent agenda touristique

Nourrit mon affamé esprit poétique

Sans connaître le menu du jour

Où jeûnent de succulentes recettes au four.

Vers l’îlot de ce berceau indien

Embarquons si vous le voulez bien.

15 Octobre 2024 Jeannine Castel

Frisson

On m’appelle Frisson

La star des buissons

Un joli petit polisson

Joyeux comme un pinson.

Pour une becquée avec moi

Mes fans, d’un délire aux abois,

Ont la fièvre du samedi soir

Pour un frisson dans mon nichoir.

Doté d’un charme naturel

Je frissonne forever and ever

Comme un cyclone tombé du ciel,

Un chaud soleil réchauffant l’hiver.

Quand Venise attriste leurs amours

Sur mes frissons elles soupirent

Ces îles australes d’une fin de jour

Qui cherchent un Robinson pour leur empire.

Pour une becquée avec toi,

Joli Frisson des bois,

Je ferai bien une escale

Dans cette réserve de folie animale.

On m’appelle Frisson

Tes chats sur ton paillasson

Me donnent des frissons …

Va draguer le hérisson !

La star des buissons

Ecoute Gautier Capuçon

Quels frissons ! …

Fugue, fuguons ! …

3 Décembre 2016  Jeannine Castel

Moi, j’y crois …

Tous mes illustres animaux

Depuis le fond de mon caveau,

Impatients, feront-ils bon ménage

Pour des retrouvailles sans âge ?

Seront-ils reconnaissants ou pas pour cette poète

Qui les a mis sur des sellettes,

Gravées de mots à leur mémoire,

Et réunis pour une même fin de nos histoires.

Du plus encombrant au plus petit,

Ensemble désormais en ce répit

Nous relirons, peut-être, à l’infini

Mes rimes désormais dans la nuit.

Ont-ils leur place au ciel ?

Même mort à notre arc-en-ciel,

Même souffle, même jour de la Création.

Leurs espoirs ont inspiré mes créations.

Tout ce monde entassé sur mon balcon

Me rejoindra-t-il après avoir passé le Rubicon ?

Peut-être quelques amis fidèles

Auront parfois de nos nouvelles .

Lors de mes obsèques personne n’imaginera

L’étrange cortège que me feront ces animaux à mon trépas.

27 Novembre 2024 – Jeannine Castel

Risques et périls

On dit que mesurer c’est savoir…

Peut-on ainsi tout vraiment prévoir

Toutes les performances pour anticiper

Les cauchemardesques surdéveloppées

D’un réchauffement climatique de la Terre ?

Ont-elles bâti un nouvel imaginaire

Sur des responsabilités et conséquences

Maîtrisées par des abus de confiance ?

L’humain ne reste-t-il pas l’enjeu principal

Dans un combat imprévisiblement mondial,

Après avoir excavé la Terre,

Détourné les cours d’eau des rivières,

Remodelé des territoires entiers,

Adapté l’environnement qui lui sied,

Exalté par un hubris démesuré ?

Les alertes pourtant étaient là, ignorées,

De plus en plus importantes et resserrées.

La recrudescence d’événements extrêmes

Ne se satisfait pas d’une vie de bohème

Où tout se reconstruit en mieux

Avec les mêmes yeux …

Pour être prêt à toutes ces éventualités

A-t-on assez d’humilité ?

25 Novembre 2024  Jeannine Castel

Et d’après vous ?

Un semblant de pudeur

Du haut de sa hauteur,

Emmitouflée sous sa balaklava…

Nenni ! C’est point cela !

Une guincheuse et son bastringue

Qui aurait rendu dingue

Plus d’un hibou éconduit

Au cours de nombreuses nuits ?

Encore nenni ce potin !

Une chouette fan des sapins,

Rayée par Dame Nature

Envieuse de son envergure ?

Pff… Encore des balivernes

Mais que d’étranges cernes

Évoqueraient des insomnies

À propos de ses nids ?

Peut-être une chouette

Qui se la pète

Fière d’attirer discrètement

La curiosité à des propos déments …

Et d’après vous ?

22 Novembre 2024 Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine

Photo Luc Durocher

La maison verte

C’est une maison verte

Perchée sur la desserte

D’un arbre dépouillé

Au bel accueil douillet

Pour les becs qui n’ont,

Dans les rudes saisons,

Que des brindilles vides

Meurtries par l’hiver avide

De gel, de nudité imposée

Passagèrement ménopausées.

La mésange connait bien

Ce tournesol noir, ô combien,

Qui comble sans relâche,

De cette auberge vert pistache,

Les mangeoires de cet hôtel

Avec piscine et son carrousel.

C’est une maison verte

Jour et nuit ouverte

Qui ferme pour un printemps

Dont le fidèle accueil florissant

Invite toutes les mésanges

Au moins jusqu’aux vendanges…

22 Novembre 2024  Jeannine Castel

Photo Christian Morin