COUAC !

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Allongé depuis plusieurs mois, le grand-père
attend de sa bru quelques soins salutaires.
Il revoit, de cette chambre, cette coulée de vie
qui lui assura jusqu’à cet âge avancé l’hallali.
Le Mt Leissières habillé de cérémonie l’attendait
pour un dernier repas, une soupe au lait.
Les rires des enfants adoucissaient les rudes tâches.
Il est l’heure de la traite des vaches.
Sa femme, compagne d’un passif esclavage
était partie vers le Sage de l’Age,
Ce qui avait alourdi son désespoir
jusqu’à l’acheminement qu’il connait ce soir.
Ainsi, se préparant à la tisane de colchiques,
il serre fort cette angoisse mélancolique.
Avoir accueilli ce qui vous donnera la mort …
L’ayant toujours su, il souffrit plus encore.
Résigné, évitant de penser à ce qui l’attendait,
il ferma ses paupières et expira sur l’imparfait.
Le bouillon finit dans l’évier de la cuisine,
la bru soulagée, éplucha ses aubergines.
Les hommes allaient rentrer des champs,
on habillera grand-père au soleil couchant.
Il n’attendit pas onze heures pour boire ce breuvage,
La mort voulut garder ses usages.

2 Octobre 1991 - Jeannine Castel
 

 

 

 

Publié dans : Littérature et Poésie | le 23 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Dis donc

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Je parle à ma mémoire silencieuse,
Celle qui écoute de son abîme profond,
 Je mets une pause aux voix audacieuses
Je parle sans toucher le fond.

Je parle à cette amie qui court,
Cette fidèle compagne de la minute prochaine
Sur le temps, en avance, et sans discours,
Je parle à perdre haleine.

Je parle au silence qui répond
Dans un vacarme de débits répétitifs.
Je sais que mon fidèle compagnon
Ressemble à ces troublants récifs.

Je parle à un mur de franchise,
Echo de l’avenir administré.
Je vais au pas vers la terre promise,
Je parle toujours après.

Si, suite à la mort, la vie sous d’autres formes
Reprenait la réponse aux questions posées,
Que deviendrait le nouvel uniforme
Au milieu d’idem reposés ?

Je parle à la mémoire silencieuse,
Habitat des dieux d’un monde invisible
D’où aucun secret n’échappe de la laborieuse
Voie d’un présent ici imprévisible.

6 Octobre 1990 - Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 22 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

BRUMES

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Un soleil blafard perce la brume
D’un petit matin atteint de rhume.
Sortant du songe, l’être, éveillé,
Sort d’un repos encore ensommeillé.
Les barques alanguies, le pêcheur réclament,
Berçant d’un cliquetis une eau en flammes.
Elles flirtent dans cette aube floue
Avec cette belle nuit de joue à joue.
Le soleil amusé diffuse ses ardeurs,
Complote avec l’habitant suborneur …
Mais la brume enjôleuse avec cet amoureux
Va, embuer ses yeux.
La forêt n’y voit plus très clair,
Pense, enfumée, à l’hiver,
Lui plus froid et sec dissipera
Cette vapeur condensée sans apparat.
Pour une brume matinale, Ô combien
Restèrent couchés, n’y voyant plus rien !
Quelques intrépides voyageurs par nécessité
Traverseront cette dame de chasteté.
A la lumière de son morose lever, ils prirent
Un fanal pour éclairer son sourire.
Firent la découverte de ses pensées intimes
Cachées dans les barques de ces rimes …

21 Mai 2015

Jeannine Castel

 

Publié dans : Littérature et Poésie | le 22 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Envolées

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Ici et déjà là-bas
Le temps me pèse,
La vie s’en va.
Le vide m’attire de ses falaises.
L’ennui, ce pernicieux mutant,
Bouleverse mes aspirations.
Ailleurs et faire semblant.
La routine ensevelit mes passions,
Lassitude de moments répétitifs,
L’âme s’appauvrit.
Recherche de nouveaux récifs,
Richesses de mes étés endoloris,
Là-bas et toujours ici.
Le présent m’interpelle,
Mais que fait-on ici ?
Ascension pour la vie éternelle !

15 Avril 2011
Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 22 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

VOLTS

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Faire, ce nécessaire,
Est, parait-t-il, contre la mort
Un argument de non stop à son sort.
 » Croyez-vous à cela mon amie ? « 
Je l’entends rire et me dire ici :
« Nenni mon enfant, c’est moi qui décide
Le jour de ta voie morbide
Car ce que vous croyez bon pour vous
Ce n’est pas l’avis de chez nous.
Justement à temps presser la vie
Je vous fauche dans votre agonie,
Ne laisse du répit
Qu’à ceux qui ont déguerpi.
Qui aime ma présence journalière ?
L’invite,  familière ?
N’a pas peur de celle-ci ?
Prie pour mon sain esprit ?
Car sur vous je domine et sais
Le passage qui vous est fixé. »
Vision d’une très belle femme,
Chaleureuse, aimante, sans oriflamme,
Drapée de voiles si légers
Que ma transparence va s’y loger.
Elle me repousse d’un souffle doux,
La voici de blanc à mes genoux.
« Aime-moi,  fidèle amie »
L’écran méchant comme un défi
A annulé tout mon labeur…
Faire, refaire, je n’ai plus peur.
Où que tu sois en ma présence,
Nous finirons de connivence,
Nous signerons en paix ce traité spirituel.
Devenues amies, finira ce duel.
Gardées, n’oublions pas, par l’ange gardien,
Tu vois, la mort, tu risques rien.

28 Avril 1986
Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 21 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Hommage

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Coluche est mort, blanche est ma peine,
Quel enfoiré, quel phénomène,
Aller s’éclater, en moto, sur un poids lourd,
38 tonnes, quel triste tour.
J’ai mis ma salopette ce matin
Sans le savoir mon coquin.
De ma prière journalière aux défunts,
Tu as eu hier cet importun
Réquisitoire que tu vas plaider,
Tant de grâces à quémander.
La mort violente t’a saisi,
Difficile sera là-haut ton sursis.
Un 19 Juin à l’appel du Général
Tu as commémoré un idéal.
Toi au coeur menuet français,
Ton repas est consumé.
D’un mirage en hautes falaises,
Je te vois sur un trapèze
Pirouettant sur ta raillerie
Qu’à Grasse tu perdis
En son Opio village.
Coluche, là-haut, soit sage.

20 Juin 1986
Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 21 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Dog memento to Jeep

photo Jeep

Les oreilles en papillote
Jeep s’en est allé
Pour les îles Paillotes
Où la vie est mentholée.
Désormais son pas dansant
Vivra au rythme de nos pensées,
Il flairera d’où vient le vent
Cherchant une nouvelle fiancée.
Fidèle compagnon de Dame Valérie,
Il rêve sur ces quinze années fleuries,
Embellies d’amours, de câlineries,
Nostalgiques souvenirs du présent endolori.
Guettant la barque amarrée au sémaphore,
Il attend face à l’océan,
La venue de ses anciens conquistadors,
Bercé par le murmure de nos coeurs aimants.
Jeep Dog memento
En cette croisière du renouveau.

24 Mars 2011

Jeannine Castel

Publié dans : animaux | le 21 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Les courants d’air

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Un vent déchaîné bouscule les passants,
Les anges du feu sont aux aguets.
Qu’a-t-il à dire ce vent mécontent
A Dame Nature qui s’agite intriguée ?

La mer d’huile d’hier s’assaisonne,
Les moutons blanchissent son horizon,
Ce vent, furieux, en bourrasques chantonne
Son plaisir qu’il a de donner frissons.

Les herbes folles des champs faiblissent
Sous les câlineries de ce fougueux mistral.
Leur tapis semble avoir la jaunisse,
Si fort courroux fait mal.

Les oisillons s’égosillent au fond de leurs nids
Apeurés, ils attendent l’accalmie.
Quelques courageux vocalisent à l’infini
Ce vacarme qui leur donne insomnie.

Les fruits rouges, verts de peur, s’accrochent
Aux branches des arbres qui plient sans loisir,
Ils résistent car il serait moche
De ne pouvoir rougir de plaisir.

Complice du soleil, ce vent farceur s’amuse,
Devient brise marine pour adeptes de la bronzette
Peu inquiets, à l’abri, y a pas de méduses …
Se retrouvent, surpris, de ramener une crevette.

Comme il est venu, le vent s’en est allé
Chasser d’autres nuages qui l’étouffaient.
Ce coin du monde va, enfin, souffler, Olé !
Une dépression doit regonfler ses soufflets …

Ce 20 Mai 2015 - Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 21 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Ce n’était qu’un visage

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J’ai chassé mon regard de sa détresse.
Une main tendue freina cette allégresse.
Entre dire et faire un confort s’installa,
J’eus honte de mes pas…
J’ai laissé la misère où rode ma pensée,
Je panse ma peine offensée.
Ce n’était qu’un visage sorti de la nuit,
Au malaise terni qui souffre de répit.
J’ai refoulé mes cris à la poésie.
Ce n’était qu’un visage, une vie …

17 Octobre 1995
Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 20 mai, 2015 |Pas de Commentaires »

Prout, prout

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Qu’il est dérangeant en chemin
Quand le petit pet plaisantin
Vous prend par son envie motrice
D’évacuer un feu d’artifice !
Au milieu d’une caravane de randonneurs,
Qui pourrait entendre, interrogateur,
Ce bruit venu de nos entrailles,
Gênant mais amical à nos semailles ?
Obligé de refouler, on ballonne
Ou couvrant son bruit, on fredonne,
Insolite tapage d’acolytes intégrés,
Le pet est toujours aussi mal accepté.
Pour un pet féminin le plus discret qui soit,
Fleur d’Anus parfumera la culotte de soie.
Connaissez-vous les fleurs du péteux ?
La vache broute en remuant sa queue…
Un pet de vache doit faire du bruit …
Crever seul ou péter en compagnie ?
Voyez ma forme Oyo, oyo, oyo
Après le massif des Sept Laux !

 4 Août 1986 - Jeannine Castel

Publié dans : Littérature et Poésie | le 19 mai, 2015 |Pas de Commentaires »
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