PACHYCROCUTA BREVIROSTRIS
Il est pas loin de midi, RISETTE, dort toujours …
Quand un rire sardonique résonne jusque dans la cour.
Mais à cette heure là, aux Hyénides, il n’y a pas grand monde…
C’est l’heure de la chasse, des plaisirs de l’onde.
Tout le corps enseignant est parti en week-end !
Seule la cuisinière se débat avec des dindes.
Les chasses de nuit sont interdites. En conséquence
Il faut que ces jeunes, ce soir, se remplissent la panse.
RISETTE d’un sommeil très agité se tortille …
La descente de lit, sous elle, s’est mise en vrille.
Transformée par un sorcier en amulette, RISETTE
Est poursuivie par des mangoustes et des civettes.
Elles veulent s’emparer au lasso de ce gri-gri
À l’aide de leurs longues queues rayées de gris.
Au même instant, une mangouste venue de l’Oligocène
Vient à son secours avec ses ancêtres les hyènes.
Mais le sorcier, chevauchant Plioviverrops, sauvagement,
S’empare des pouvoirs magiques du précieux ornement,
La met dans un sachet en poil arraché à Ratapoil, choqué.
Soumise à la volonté du sorcier RISETTE se voit disséquée
Dans un énorme chaudron magique tout en ébullition,
Tandis que des mains hideuses tournent ce bruyant bouillon.
Un aveugle, heureusement, avait suivi à la trace
Ce sorcier monstrueux transformé en bloc de glace,
Car seule la nuit lui accordait les magiques pouvoirs.
C’est à sa truffe, à présent, en tâtonnant, plongé dans le noir
Que ce non-voyant s’en prend. Ne dit-on pas que le museau des hyènes
Guérit la cécité, vous redonne une vue neuve et sereine.
Les pouvoirs de ce joyau le conduiront sur le bon chemin …
Le chemin de la Sagesse et de la connaisssance du divin.
Mais dans sa précipitation l’amulette tombe du sachet …
À la mort, dans ce rendez-vous magique, RISETTE est arrachée !
Soudain, d’une brutale éruption volcanique de l’inférieur Miocène
Des mâchoires édentées de féroces hyènes hideuses,
Ne peuvent croquer l’amulette trop dure, provocante, boudeuse.
S’installe un court instant suspendu dans un silence de repentants.
Elles font appel à Adorocuta Eximia elle seule capable de broyer
Les os les plus indigestes mis à part les poils souillés.
Surgit à ce moment du Pléistocène moyen, tel un vampire,
PACHYCROCUTA BREVIROSTRIS dans une huée de fols délires.
RISETTE à cette apparition amplifie ses plaintes et grognements
Jusqu’à ce cri délirant entendu qui la réveille brutalement.
RISETTE est soulagée d’avoir échappé à cette langue gourmande !
Ni une, ni deux, elle l’aurait croquée comme une délicieuse amande !
RISETTE se lève, pressée de retrouver KILA pour lui raconter
Ce rêve étrange venu d’insondables obscurités avares de bontés.
Un rêve fantasque comme des histoires à dormir debout
Cachées dans la poche gulaire des majestueux marabouts.
Cet oiseau n’aime-t-il pas planer sans de ses ailes battre ?
Emporter avec lui les rêves des jeunes hyènes folâtres ? …
23 Septembre 2018 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Philippe Cabanel sur Facebook