Retour au bercail
Bien que soulagée et heureuse, STORY
Afficha un faux semblant mépris
Quand elle aperçut sa fifille chérie.
« Dans quel état elle est ! Epargnons lui mes cris.
Ne suis-je pas responsable dans mon affolement
D’avoir provoqué cette accro à l’égarement ?
Cette enfant épuise mes espoirs d’un serein avenir.
Dans la savane, les liens sont si difficiles à entretenir.
Ma seule et unique rescapée de cette malchanceuse portée
Me donne du fil à retordre. Sans être escortée,
Il me faudra prendre une décision draconienne
Si je veux voir le couronnement de mon infante hyène … »
RISETTE, les poils collés de boue, prête à la sentence,
Plia l’échine avant que pleuvent les remontrances.
Elle voit bien que sa maman est fâchée pour de bon.
Dépitée, baissant la tête, elle quémande son pardon
En sanglotant après cette nuit de frayeurs, d’affolements,
Quand elle perdit de vue la présence de sa maman.
« Je t’ai cherchée en vain, fatiguée, morte de faim,
Seule, terrorisée par les cris de sautillants babouins.
J’ai eu la chance de trouver un vieux terrier abandonné
Avec la trouille qu’il soit mon dernier sommier. Sonnée,
Dans une torpeur qui m’engourdit de rêves cauchemardesques
Je me suis faite toute petite dans cette ambiance faunesque.
À mon réveil, j’étais si affamée, la larme à l’oeil …
J’ai quité ce que je crus être mon cercueil.
Je suis partie aux premières lueurs du jour, enfin,
Parmi ces gloutons qui digéraient leurs nocturnes butins.
J’ai pris un petit déjeuner sous de vieilles souches,
Je n’avais pas le droit, bien contente, de faire la fine bouche.
Comme une voleuse prise en vilain défaut je l’ai vite avalé,
Assoiffée, le gosier sec sans la moindre goutte de lait,
À part les goutelletes d’eau de mon museau humide
Inondé de mes pleurs en cette errance sans guide.
J’ai déambulé, erré comme une âme en peine
Sur des chemins boueux, ignorés de toutes aubaines.
Brusquement une panique s’empara sans crier gare
De troupeaux qui broutaient ici et là. Dare dare,
Les bêtes paniquées, se sont mises à fuir
Un danger, que je ne pouvais, de ma hauteur, voir venir.
Surgit alors une énorme lionne qui me dévisageait …
Accompagnée des cris d’alerte émis par les geais.
Prête à bondir, d’une seule bouchée gloutonne
Je me vis engloutie seule et sans personne… »
STORY à ces mots se remémora la chèvre de Mr Seguin …
Apaisée sa RISETTE, vivante, lui raconterait la fin …
« Cette enfant a le portrait d’une héroïne d’aventures.
J’ai pas finir d’en voir avec elle… faudra blinder mes armatures …»
STORY, sans trop le montrer, se surprit de connaître, impatiente,
La suite de l’histoire de ce bout de chou si attachante …
7 Septembre 2018 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Bri Lions sur Facebook