Du langage des fleurs

Sur un tel soleil couchant
Mon regard sublimé, alléchant,
Ne peut que s’attarder en silence.
Rêveur, il se berce, en vacances.
Mais le soleil, indifférent,
Ne s’attarde pas décevant
Ma rêverie prise d’insomnie
Pour le contempler toute la nuit.
Il me laisse en consolation la lune
Solitaire, déclinant mon infortune
Agitée par la fugacité de l’émerveillement
Compensée par les étoiles du firmament.
Retenu prisonnier par la beauté
Ce soleil couchant fait miroiter
Ce Ô temps suspends ton vol
De Lamartine à Nathalie Léopold.
14 Juillet 2021 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Nathalie Léopold sur Facebook
Le silence, alourdi par les mensonges,
Est venu noyer dans cette mare aux songes
Tous ses boniments et tromperies
Réfugiés dans une brume sans abris.
Mais la mare, déjà pleine de bobards,
Refoula le silence à d’autres canulars
Hypocrites de sous-entendus silencieux,
Au simulacre jurant jusqu’au bon Dieu.
Ne sachant où déposer ses inventions,
Le silence feinta une inouïe fabulation
Afin que son récit imaginaire s’empare
Du désir de plonger dans cette mare.
Mais la pluie de quelques gouttelettes
Empêcha l’eau de gober ces sornettes.
Le silence n’eut guère le choix …
Rester caché dans cette purée de poids.
Loin de tout tapage et marivaudages,
Dans une ambiance de faux mirages
Étouffés par le bourrage d’un verbe généreux,
Le silence nous fit cadeau de ce cliché brumeux.
14 Janvier 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Nathalie Léopold sur Facebook
Un homme avance
Dans ce brouillard dense
Aux côtés d’un arbre
Aux ancêtres de marbre
Dépouillés de nids
Dénudés par les dénis.
Les mains dans les poches,
Sans barricades, ce gavroche
Face au Lac de Der brumeux,
Médite, rêve, s’émeut,
Cherche à percer le mystère
De son existence solitaire.
L’arbre de ses cheveux d’ange s’incline,
S’épanche en espérant que décline
Cet humide camouflage matinal
Pour laisser place à ce jovial
Soleil gourmand, amical,
Fougueux, brûlant, brutal.
Aveugle comme le brouillard
L’homme, petite boule de billard,
Sur un tapis de verdure attend
Ce coup de pouce prétendant
Pour soulever le voile
De ce ciel prisonnier des étoiles.
Dans ce brouillard dense
Un homme avance,
Écoute les confidences
D’une brume en mal d’errance.
Le Lac de Der discrètement
Les répètent au firmament.
Qui penserait qu’un brouillard
Soit aussi babillard ?
12 Janvier 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Nathalie Léopold sur Facebook
Encore quelques feuilles
Nostalgie d’une saison
Désormais que l’on cueille
Au temps des fenaisons.
Quelques unes ont résisté
Aux vents et aux tempêtes
Pour le plaisir d’assister,
En changeant de toilette,
À l’hiver et son givre
Bordé de manchons blancs
Juste un peu survivre
Pour apercevoir le printemps.
Encore quelques feuilles
D’un automne vieillissant
Pour un dernier accueil
Aux poétiques passants.
24 Janvier 2019 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Nathalie Léopold sur Facebook
RISETTE attend le retour des pensionnaires.
Elle trouve le temps long, s’ennuie à ne rien faire.
Elle s’est levée si tard, trop tard pour casser la croute
« ici, faut pas sortir des rails … pas de fuite à vau de route !»
Assise sur la terre battue d’un terrier abandonné,
Elle revoit son rêve qu’elle trouve désordonné.
« D’une amulette aux magiques pouvoirs, j’aimerai bien ! …
Au lieu d’un sceptre qui ne transformera rien ! »
Voici qu’un nuage de poussière suppose le retour
De la troupe qui arrive avec la fin du jour.
RISETTE s’empresse de retrouver KILA dans le tumulte
Point de KILA … elle apprend que suite à une chute
D’un élève de la classe des 6ème, KILA est à l’infirmerie …
« Ma parole aujourd’hui rien ne me sourit ! »
L’envie lui passe de partager avec elle son rêve.
« Ce sera une fève semée dans mon jardin, ma sève ! »
Forte de pouvoir dominer un comportement de bambin
RISETTE se relève et décide d’aller prendre un bain.
En chemin elle rencontre Prof KUKUPANPAN toute excitée
De la bonne nouvelle qu’elle détient et d’un ton précipité :
«Ce soir tu dormiras au dortoir du groupe » LES OPPORTUNISTES »
Elles sont trois soeurs très calmes mais d’humeurs tristes.
Il s’agit d’un dortoir et non pas d’une salle de fêtes !
Tu verras ce sont trois jolies hyènes très coquettes. »
« Justement j’allais de ce pas faire un brin de toilette.
Je vous remercie d’avoir pris au sérieux le sujet de ma requête.»
S’approchant d’une mare GRISETTE aperçoit le trio en question,
Reconnaissables à leur clair manteau et leurs discrètes ablutions.
Elles semblent ignorer sa présence : « Bonjour l’ambiance !
Quelle pâleur ! Des opportunistes sans aisance !
On dirait des triplées … je les collectionne ! …
Après des jumelles … trois autres lionnes !
D’un incivisme … faut dire si je vous dérange ! …
Un bon coup de patte dans le tas … ça me démange …»
Les trois grâces se décident enfin à sortir de l’eau
Sans avoir eu envers GRISETTE un seul petit mot.
À l’idée de les revoir tantôt au dortoir
Les joues de RISETTE brûlent sous le feu du rasoir.
Dans le grand réfectoire on entend le bourdonnement des mouches
Qui anime et accompagne les mastications d’avides bouches
Qui brisent, broient, mâchent os et chairs sanguinolentes.
Perchés, des vautours salivent et les arrosent de leurs fientes.
Ils espèrent peut-être leur couper l’appétit … en vain ! …
Ce n’est pas l’empathie qui règne au dortoir des OPPORTUNISTES …
RISETTE n’ayant pas le choix leur tourne le dos, elle est si triste …
24 Septembre 2018 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Nathalie Anciaux
C’est jour de fête aujourd’hui
Pouic et sa soeur Sophie
Ont retrouvé leur jeune cousine
Li Lou cette adorable benjamine
Haute de quelques pouces.
Dans les futaies de la brousse,
Accompagnés de leurs mères
Dans cette verdoyante zone forestière,
Ils sont venus en promenade
Découvrir ce coin, sans bousculade.
Déçue de ne point y trouver de piscine
Ni la moindre petite bassine
Li Lou, à la traîne, boude, s’ennuie …
« Ces cousin-cousine sont d’un ennui !
Ils ne pensent qu’à s’empiffrer …
Si au moins j’étais au frais …
Même Pouic me délaisse pour elle …
Quelle sortie ! Zazou verra-t-elle
Si je me cache histoire de les embêter ?
Hihi ! je vais gâcher leur goûter ! …»
« 2,4,6, … tiens il en manque une ? »
Zazou s’affole … sans réponse aucune,
Elle cherche partout dans les broussailles
Sa Li Lou si chère et si canaille.
Pouic s’enfonce dans les ronces …
« Toujours pas la plus petite réponse …
Pourtant elle était là derrière nous …
Certes peu enjouée, faisant la moue …
Encore un mauvais tour de Li Lou … »
« Même pas en rêve je la loue ! » dit la tante.
Vexée par ce commentaire Zazou est mécontente.
La promenade vire à la tourmente …
Quand Zazou voit apparaitre là-bas,
Li Lou en compagnie de son papa
Qui avait entendu les appels des mamas.
« Au moins avec lui elle marche au pas … »
« Bien fait pour elles … » marmonne Li Lou
« Moi je voulais jouer au loup. »
Personne ne pipe mot si ce n’est la tante
Qui fière des siens commente et commente,
N’arrête pas de louer leur conduite
De ces perles qui ont pris la fuite
Profitant du divertissement salutaire
Pour échapper à cette garde-chiourme autoritaire.
E c’est ainsi qu’à son tour, la tata
Cherche, appelle avec Zazou, l’autre tata,
Ces drôles cachées dans les buissons
Qui pouffent de rire des frissons
Que leur mère doit avoir
De peur de ne plus les revoir.
Quand tout ce petit monde enfin
S’apprête à rebrousser chemin
Il fait nuit, trop tard pour aller au bain.
Cousin cousines d’un pied de nez
Se séparent amusés de leur journée.
22 Avril 2018 – Jeannine Castel
Photos : Nathalie Léopold – Philippe Cabanel sur Facebook
Contes de la prairie