De l’ordinaire

Un syrphe pour pas un rond
S’offre un cocktail de pucerons.
Tout en débarrassant
Par ce mets succulent
L’érigéron vieillissant,
Ce glouton des champs
Pollinise l’érigéron
Au cœur jaune citron.
D’un poudreux pollen,
En accord avec ses amen,
Sur les prés et murailles,
Vaille que vaille,
De pistils en corolles,
De stigmates et d’oboles
Ce prédateur des fleurs
De larves vit en chœur.
5 Juillet 2022 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Luc Durocher: photographe de la biodiversité sur Facebook
C’est un écureuil gris
Favori des jours gris.
Aucun gri-gri ne pendouille
Au cou de ce croquefredouille.
Ridiculisé pour sa couleur,
Ce sage se rie des moqueurs,
Ces écureuils roux d’importance
Dotés de plus grande intelligence.
Plus fûté qu’un renard,
Du corbeau bruyant vantard
Il s’approprie les nids, les tapisse,
S’y vautre avec délices.
Revêtu de sa grisaille,
D’un panache s’encanaille
Pour aller à la maraude
Avec sa belle amie Nigaude.
Ignorant les moqueries
De tous ces jaloux aigris,
Tous deux font emplettes
Pour remplir leurs cachettes.
Ni oeufs déposés par les cloches
Mais glands, bourgeons en poche,
Fruits, noisettes, sève d’érable,
Sont au menu de ses prévoyantes tables.
On raconte qu’un corbeau mécontent,
Suite à ses nids volés tant et tant,
Aurait tapissé de poudre grise de perlimpinpin
Les nombreux nids de cet adorable coquin.
17 Avril 2022 – Jeannine Castel
Un ciel brouillé avec le printemps.
Depuis des jours souffle le vent.
Sous la couche épaisse des nuages
L’hiver s’attarde avec les lainages.
De cet accueil frileux, en ce jour
Destiné à nous offrir de beaux atours,
Avec désolation il regarde tomber
Des bourgeons et leurs juteuses baies.
La mer, malmenée par ce vent fouettard,
Agite son écume au teint blafard,
Vient se briser sur les rochers noirs
En des gerbes de furieux désespoirs.
La guerre à quelques frontières
Assombrit l’âme des chaumières.
Le printemps, en suspens, porte le deuil
D’une paix qui rêve d’un chaleureux accueil.
Un goéland danse et plane
On dirait un silencieux aéroplane.
L’oiseau me distrait un bref instant
En ce premier jour gris du printemps.