La vallée de la lune
Près de San Pedro d’Atacama, Vallée de la lune,
Deux molosses gardent les infortunes
Venues s’enterrer sous les dunes
Avec fracas, une nuit de pleine lune.
Ces infortunes imprévisibles et lunatiques
Soulevèrent le sable fin de leur colérique
Chaos emporté par un torrent chimérique,
Faisant de la Vallée une terre désertique.
Depuis les dunes regardent l’impétueux courant
Charrier toutes les humeurs de ces encombrantes
Adversités sous une lune de rousseur
Déposée sur quelques contours des hauteurs.
Canyons, crêtes et dunes sont les hôtes
Désormais de cette Vallée despote,
Modelée au fil des siècles par les eaux et les vents.
Seul le lézard fréquente cet astre errant.
Mais la lune aime bien les dunes
Où elle peut venir sans infortune
Flâner, rêver, imaginer un monde
Dans ce sanctuaire d’illusions fécondes.
Du sel en quantité, transormé en neige,
De la mousse à raser baigne les falaises
Ridées, craquelées, dorées par la fournaise.
Une mer de glace surprend de son florilège.
Entre le jour et la nuit, la lune se repose
Dans cette vallée dont elle dispose
Pour elle toute seule la beauté grandiose
Conservée grâce à l’inhospitalité dérobée par une pose.
Près de San Pedro d’Atacama, Vallée de la lune,
La lune n’a plus de secret pour les dunes
Qui accueillent cette amie de fortune
Sur leurs flancs d’une terre commune.
4 Mai 2018 – Jeannine Castel
les poèmes de Chatnine
Photo : Loulou Moreau sur Facebook