Café gourmand
Chocolat au lait, chocolat noir,
Une houle de crème glacée
Attire en ces sucrés couloirs
De gros gourmands engraissés.
Perché sur les Torres del Paine,
Un oiseau, tel une rêveuse sirène,
Sur un rocher de glace pralinée
Dont la paroi d’un hibou est animée,
Scrute ce coin du ciel de Patagonie
Aux lumières cuivrées, caramélisées, bénies.
Des explorateurs pétrifiés sur cette banquise
Échoués là pour leur péché de gourmandise,
Sont venus jusqu’en ce Cuernos del Paine
Déguster ce café gourmand du domaine.
Leur crise de foi en un tel charroi
A mis l’ours brun en plein désarroi.
Une avalanche de miel ridée l’effraie,
Un puma menaçant garde son entrée.
Un crocodile repu, digère, s’aplatit
Sur le corps soumis d’un barbu yéti.
Seule, la vache après un café liégeois
Dort paisiblement sans manifeste de joies.
Des dizaines de marmottes s’émerveillent
De ces mousses aux saveurs sans pareilles.
Un temple d’une déesse inconnue pilote
Ce radeau dégluti par tant de glottes.
Les dents de la Sagesse ont refoulé
Cette démoniaque embarcation sans chapelet
Qui dérive, emportant dans ce fondant avec elle
Les âmes de ces défunts coupés de leurs ailes.
12 Mars 2018 – Jeannine Castel
Photo : Joël Delmas sur Facebook