Le coquelicot de Jean
![](http://chatnine.unblog.fr/wp-content/themes/quentin/images/printer.gif)
« L’espoir, c’est l’oiseau qui au plus fort
de l’orage chante la pluie. » Fodil Benséfia
Chanter la pluie au plus fort de l’orage
Comme siffle l’oiseau de son gai verbiage
Accroché à la branche sur ses frêles pattes.
Chanter la pluie à devenir écarlate.
Chanter la pluie en dépit des nuages,
Des espoirs déçus qui ont fait naufrage.
Chanter ce soleil, réconfort des malheurs,
Chanter pour sécher leurs pleurs.
Du chant patriotique à la chansonnette,
Apprends-moi Roselin à siffler à tue-tête
Alors que les canons couvrent nos chants,
Que sifflent les bombes dans nos tympans.
Chanter la pluie au plus fort de l’orage
Quand la bête immonde creuse davantage
De ses dents longues cariées par la rage
L’hymne de la victoire sous les outrages.
Sois cet oiseau, joli passereau familier,
Ce grain de sable d’un musical sablier,
Cette bombe sociable amie des mangeoires
Sifflant la paix tout au long de l’Histoire.
7 Mars 2022 – Jeannine Castel
CLOUD
Sur son blanc nuage
Un écureuil gris et sage
Jète un froid sur le jury
Qui se met vite à l’abri.
Ce gray squirrel, abasourdi,
Se croit en pleine comédie !
Sa queue en panache ébouriffée
Est pourtant du plus bel effet.
«Comment apprivoiser ces chochottes ?
Elles mériteraient quelques calottes !
Me déplacer sous la bise depuis Montréal
Pour un tel accueil … c’est pas génial !
Je vais de quelques boules de neige
Rompre la froideur de leurs sièges.»
«Pitié ! Nous n’avons pas de votre fourrure
L’épaisseur de votre splendide armure ! »
CLOUD décontenancé par cette réplique,
D’un membre d’allure préhistorique,
Ne sait plus à quoi s’en tenir …
»Je suis venu pour concourir !
J’aimerais bien avant de repartir
Que l’on me contemple avec plaisir !
Que l’on me prête attention sans gêne
Afin que le premier prix j’obtienne
De cette Parade aux étincelles
Sans être le paria de vos étroites cervelles.»
Et se gonflant de toute sa prestance
CLOUD dégèle, du jury, leur méfiance.
Grelottants, sortis de leurs cachettes
Les membres du jury font la causette.
L’un d’entre eux se met à décrier :
«Mais qu’a-t-il fait de ses pieds ?»
À cette idée congelée, verglaçante,
Le nuage déverse une pluie abondante,
Punit le jury pour l’insolence de leurs doutes.
JULIO en tant que Président déclare dissoutes
Toutes remarques sujettes aux embrouilles.
Il peste contre cette bande de nouilles.
«Bande d’ignares c’est un écureuil terrestre !»
«Nous n’avons pas eu l’avis de son vaguemestre …
Il n’était pas question de louer en be and be
Un de nos terriers à ce CLOUD tout gris.
Même si nous acceptons de partager nos logis
Avec mangoustes et écureuils en toute affection,
C’est une parade et non une agence de location.»
«Sourdingue mais la langue bien pendue … ma parole …
Qui vous parle d’héberger cette bestiole ?»
JULIO, agacé par cette vindicative et sotte suricate
Décide de mener tout le jury à la baguette.
26 Janvier 2022 – Jeannine Castel
Daddy’s beard
«De la barbe à papa ! J’en veux, j’en veux !»
«Tais-toi gourmand imprudent ! Reste sous ma queue !»
«C’est la ouate que je préfère …» en chœur chantèrent
Les membres du jury face à cette apparition mystère.
Julio, intrigué par cette cacahuète flottante épineuse
Murmure : « cette chouette me semble bien frileuse
Pour s’emmitoufler, se cocooner dans de la soie …
Nous arriverait-elle d’un pays où il fait froid ?»
Les membres du jury après plusieurs conciliabules,
En préambule se demandent : quelle espèce de barbule
Aux filaments collants et sucrés de type explosifs
Cache un dangereux barbu à la barbe de ce défilé festif ?
Certains membres reculent par peur des projections.
«Cette envahisseuse aux fils de soie, par affection,
Peut nous mettre le grappin dessus, telle une mente
Dévore notre espace, nous enlise, séance tenante.»
«Pfff … c’est juste un hibou à barbe blanche soyeuse
Borgne de surcroît, un cyclope aux griffes crapuleuses,
Déguisé en asclepias syriaca venu depuis la Syrie.»
Un vrai casse-tête pour les membres du jury !
Le jury indécis, chuchote, sur la notation balise.
«Grouillez-vous avant que cette gloutonne nous colonise !»
Lance cette mère inquiète pour son rejeton qui boude,
Doute que la barbe à papa soit du bicarbonate de soude.
Le départ de cette arachide laissa pensifs mais soulagés
Les membres du jury sur la suite de cette Parade envisagée.
19 Janvier 2022 – Jeannine Castel
Pour donner de l’écoute à son canal, Gazette
S’est équipée d’un micro pour la troisième chouette.
À la surprise générale voilà qu’elle déclame
Un sonnet sans attendre qu’une question enflamme
Gazette et toutes les ondes de son enregistrement
Qui vont décrouvir un fort tempérament …
«Virer d’un direct du droit
D’un balcon où chacun a droit
D’exprimer ses opinions
Coupe court à l’intrusion.
Sans cesse couper la parole
Pour garder le monopole,
Gazette vous en déplaise
Vous n’êtes qu’une punaise !
À droite, au centre, à gauche,
Gazette face à nos caboches
Pour parer à votre inquisition
Vous affrontez trois assimilations !
Des œufs dans un même panier
Quelle omelette à manier !
Aux serviettes et torchons
Nos pâtures nous offrirons.
Remailler quelques ébats
De hauts et bas débats,
En votre Cour du Roi Dagobert
Nous fuyons ce monde pervers.
La raison et la logique
En faveur de votre rhétorique
Ça nous file les coliques
Depuis des siècles empiriques.
Du haut de ce clocher
Nous sommes bien accrochées
Pour affronter tous vos pièges.
Vous n’aurez pas notre siège !»
«Les trois font la paire !»
Notre Gazette sur ce dernier commentaire
Vers sa destinée s’envole
Fuyant sans regrets ces trois casseroles.
13 Décembre 2021 – Jeannine Castel
«Quoi de neuf sous votre balcon ma commère ?»
«Passez votre chemin, de lui je m’indiffère !
Seul compte, à mes yeux, le mien et son issue.
Je n’ai nul besoin d’une nouvelle sangsue !»
«Alors, quel est votre prochain pendu ?»
«De quoi je me mêle ?!» … Suis-je donc rendue
À ce point de rencontre de ma destinée ?
Cette redoutable mégère pugnace, obstinée,
De son compas dans l’œil n’est plus mon apanage.
Quel toupet de s’initier dans mes commérages.
«Mon prochain pendu fait savoir à votre Conseiller
Qu’il a nulle envie d’un funéraire poulailler !»
«Sachez donc ma commère que ce Conseiller
En sait plus long que toutes les araignées
Qui tapissent leurs toiles sur votre chemin.
De votre bonnet d’âne revêtez le destin !
Il en corrige plus d’un pour sa vanité
De se croire, ici-bas, logé pour l’éternité.»
Croyant clouer le bec à cette effraie arrogante
Gazette vers la troisième s’envole séance tenante.
11 Décembre 2021 – Jeannine Castel
“On rencontre sa destinée souvent par les chemins
qu’on prend pour l’éviter” (Jean de La Fontaine)
Mais voici que surgit cette dame blanche
Réputée, évitée, pour le gros débit de ses avalanches.
Gazette, elle apporterait du grain nouveau au moulin,
Vantant les fables de Jean de La Fontaine, badin.
L’accueil tant espéré ne fut pas des plus serein …
«La revoilà cette vieille chouette infestée de poux !
De ma tête je ne veux plus de ce rendez-vous !
Mais quel destin me force, me joue des tours ?
Par ma tête et mes poux quelle issue de secours
Va m’éviter un épouillage de bas étages ?
N’a-t-elle donc pas fait le plein d’autres commérages ?»
«Alors, belle dame, toujours au balcon ?
Voyez comme vos poux m’habillent de jolie façon !
Un nouveau dépouillement pour une purification salutaire
Vous soulagerait de vos tensions guerrières !
Recouverte de vos stigmates, de notre pacte de paix,
Je vois bien qu’en ce jour vous le boudez, soupe au lait !
Tout être dans la Création a son rôle à jouer
Et vous ne pouvez de cesse du destin vous déjouer.»
«Mais qui êtes-vous donc pour tenir de tels propos,
Connaître, porter atteinte à mes intimes mots ?
Gardez vos fiorettis pour d’autres oiseaux !
Allez au loin, de vos coups de bec, aiguiser vos ciseaux !
Dites à La Fontaine de s’occuper de ses fables !»
«Si au moins cela vous rendait plus aimable !…»
Après être éjectée par cette renfrognée effraie
Notre gazette, vers la deuxième, un chemin se fraie …
11 Décembre 2021 – Jeannine Castel
Suite à ce vers de Jean de La Fontaine :
«J’ai griffe et dent et met en pièce qui m’attaque» :
«À faire l’âne pour avoir du foin,
Le faucon et sa courte-paille
N’ayant du foin à ses besoins
Est parti vers d’autres ouailles.
Ainsi à tire-d’ailes, d’un bel envol,
Avant qu’autre faucon ne m’empaille
L’âne qui me prêta son faux col
Ne me retrouva pas sur la paille.
Mieux vaut péter haut que chier bas
Je préfère sauvegarder ma caverne d’Ali-baba.
Quitte à recevoir de Rabelais du son
Histoire de m’étourdir de ce faucon.
“J’ai griffe et dent et met en pièces qui m’attaque“
Monsieur Jean de La Fontaine me prête matraque,
Son bec ne manque pas de prises.
J’ai volé le micro du faucon pour parer à ses bêtises.
Quant à l’âne, après tout ce foin,
D’un brin de paille, son seul témoin,
Honni soit qui mal y pense,
D’une jarretière j’en ai outrecuidance.»
Le faucon dépouillé de son moulin à paroles
Se creuse le ciboulot pour coincer cette frivole,
Cette pertinente chouette au verbe haut
Qu’il verrait bien clouée au poteau.
«Il est sur que tout n’est pas chouette …
Mais cette chouette, y a pas photo, se la pète !»
Âne et faucon s’allièrent d’un commun accord
Contre cette prétentieuse et pétèrent plus fort …
Monsieur Jean de La Fontaine tout étonné
De se retrouver bonnet blanc, blanc bonnet
Refusa une chouette de plus à son foin …
“Rien ne sert de courir, il faut partir à point”.
3 Décembre 2021 – Jeannine Castel
Suite au proverbe allemand :
“Chacun tient sa chouette pour un faucon »
D’un faucon je n’ai besoin
Pour tenir la paille de son foin.
Foin des autres pour de la paille
N’apporte rien vaille que vaille.
Chacun tient sa chouette pour un faucon
Je vous contemple de mon balcon.
Chose trop vue n’est pas tenue
Nul besoin d’un faucon de bienvenue.
Un faucon mettrait un terme
À la besogne que je tiens ferme,
D’un feu de paille s’envolerait
Ma ferme dévorée par ce goret.
Mieux vaut tenir que courir.
J’ai du foin tant de souvenirs
Que d’une paille dans mes mirettes
Je tiens la poutre de la fauconnette.
Bon pied, bon œil
Stable et rapide
Chouette lucide
Vaut faucon intrépide.
25 Novembre 2021 – Jeannine Castel
Quand le silence trop pesant
Me rappelle le poids des ans,
Mes idées noires plein la tête
D’une mésange me font fête.
De photographies se contenter
Quand les mots deviennent hantés,
Le silence absorbé par l’image
Capte mes muets bavardages.
Quand le silence bavarde
Avec la nuit qui s’attarde
Ma plume, cette flemmarde,
Célèbre ce sautillant barde.
Quand le silence trop pesant
Me rappelle le poids des ans,
Sautillent, sautillent mes pensées
Avec l’oiseau s’en vont danser.
19 Novembre 2021 – Jeannine Castel