Archive pour la catégorie 'Photographe Jacques Montanari'
Drôle de champignon !
Roi et Pape
Comme si
La Parade aux étincelles (12)
YKlaon
Sur la musique du Pont de la rivière Kwaï, Yklaon
Arrive au pas de course, un brin joyeux, un brin fripon.
À la vue de ce chasseur de trophée, Julio s’interpose
Afin que faute de pont, le jury, le temps d’une pause,
Trouve une planche de salut à bonne distance
Pour mieux contempler ce lycaon de belle prestance.
Le membre sceptique y voit un meneur de meute, malin,
Profitant de la parade pour se régaler d’un festin.
«Ne voyez-vous pas ses yeux de loup plein de convoitise ?
Il semble saliver à l’idée de doubler la mise.»
Un sujet à discussion avec un autre membre sceptique
Dont la devise est « Plus malin que moi nul rapplique ».
Le membre préhistorique, d’un avis contraire,
Pense que de tout ceci !l n’y a rien à braire …
«Cet Yklaon fuit tout simplement un danger …
Rien de mieux que la Parade pour l’en protéger.
En voie de disparition comme cet illustre pont,
Il cherche une issue de secours pour son bataillon.»
«Moi j’ai pas confiance en cet agitateur de rébellion»
«Il veut sauver de la noyade sa meute en haillons
Retranchée en attente que nous nous rallions
Par le trophée Eurêka, et annoncer depuis notre parade
Que l’avenir de son espèce est en voie de dégringolade.»
À ces mots les membres tambourinent sur l’estrade,
Excités comme des puces arrosées de citronnade …
«Ouais ! manifestons avant qu’il soit trop tard
Pour que d’autres pandémies venues du hasard
Nous coupent les ponts avec un monde fossoyeur !»
«Un repos mérité !» s’écrie sur son piton un veilleur.
«Pouvoir vivre aussi vieux que le lion Scarface !
Militons, militons pour la survie de nos espèces !»
À ce souvenir d’un roi légendaire, le cœur nostalgique,
Julio accueille ce vaillant, audacieux Yklaon pathétique
Dont une patte semblable à celle d’un dalmatien provoque,
Ramène Julio à une conclusion sans équivoque.
Ainsi de courte durée fut ce traité de paix avec Yklaon.
Les manifestants entonnèrent : « Passez pompons, les lycaons … »
Les portes grandes ouvertes au son du carillon se refermèrent
La clé resta accrochée à la ceinture de St Pierre …
«Dommage se dit Julio que la rivière Kwaï soit si loin …
Même pas eu le temps de me décrotter avec tout leur tintouin !»
10 Février 2022 – Jeannine Castel
TARANIS
«Le ciel s’assombrit, devint de plus en plus noir,
Désorienté, tout seul, j’ai peur dans le noir.
J’ai peur des éclairs, du tonnerre tonitruant
Je n’ai plus pour m’abriter le ventre de ma maman.
Une fine pluie bienfaitrice tambourine sur ma peau.
De ma trompe j’essaie d’aspirer les gouttes d’eau.
Pendant un court instant, j’ai joué avec les goutelettes
Oubliant tout le chagrin qui m’emprisonne ma tête.
L’herbe tendre, aguicheuse, tentait ma trompe maladroite.
J’enroulais ses touffes tantôt à gauche, tantôt à droite.
Après les dures épreuves de cette journée, je m’affalais,
Suçant le bout de ma trompe vide du bon et nourrissant lait.
Sans lait je ne survivrai pas à la vie qui m’a épargné.
Mon prédateur doit être en chemin pour une mortelle saignée.
La pluie dissimule mes traces, l’orage couvre les bruits inquiétants.
Je me love au sein d’un imaginaire troupeau d’éléphants
Et je me laisse bercer par la nuit qui m’a vu naître.
Tôt ou tard ne doit-on pas disparaître ?
C’est alors que dans un barrissement plus fort que le tonnerre
M’apparut TARANIS sous l’emprise d’une énorme colère.
Après avoir gratté, creusé de rage sa poussiéreuse indignation,
Menaçant, provoquant, il brandissait vers le ciel une pétition
Dans un langage inconnu, inculte à mon jeune savoir.
Je crus comprendre qu’il invoquait Vighnaharta et ses pouvoirs
Pour venir secourir et punir les âmes criminelles, malfaisantes,
Qui avaient empoisonné ce troupeau entier d’éléphantes.
La puissance dégagée par TARANIS vira au cauchemar.
Ma mère, ma sœur, tout le troupeau barrissaient sous l’étendard
De ce vaillant dieu du ciel, de la foudre et du tonnerre
Venu porter secours à un éléphanteau bientôt grabataire.
Très agité, suffocant dans la poussière, je refusais le tombeau
Creusé ou protégé par TARANIS, vengeur, défenseur de TEMBO » …
21 Mai 2021 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Jacques Montanari sur facebook
Les câlins
Les petits câlins
Des tendres réveille-matins
Au chaud sous la couette,
Enlacés, le cœur en fête.
Les gros câlins
Consolation des chagrins
D’une averse et ses grains
Pour un ciel plus serein.
Les câlins
De frileuses mains.
C’était quoi un câlin
Se demande la main ?
Des câlins virtuels
Aussi beaux qu’irréels
Des câlins pandémiques
D’un retour cosmique.
Adorable petit Julio
Et ses câlins filiaux
En cet imbroglio
Masqué de fabliaux.
21 Février 2021 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Jacques Montanari sur facebook
Veillée
Vigile ce soir
En attendant la lune
Seule sur son isoloir
La grue est sur sa dune.
L’arbre émoustillé
Par ses pattes chatouillé
De cette grue rêveuse
Aux plumes voyageuses.
Le soleil de sa clarté
Face à cette beauté
Devient indécis soudain
Pour aller à demain.
Mais l’arbre s’agite
La grue invite
Le ciel orangé
A chasser l’étranger.
Ce vigile d’un soir
Qui vient s’asseoir
Seul sur son isoloir
Face à ce beau miroir.
Vigile ce soir
En attendant la lune
Seule sur son isoloir
C’est là sa fortune.
24 Février 2021 – Jeannine Castel
Photo : Jacques Montanari sur facebook
Il a suffi
Soudain la forêt s’enflamme
Dès que retentit le brame !
Bambi n’est plus très loin
De l’enfance et ses petits câlins.
Un raire et les yeux s’illuminent
Pan-Pan de petits sauts s’achemine,
Agite ses longues oreilles dissipées
«Ce cerf ne manque pas de toupet !»
L’herbe blonde feuillète les pages
D’un conte où le chasseur et sa rage
Ont fait couler tant de larmes enfantines
Qu’ils sont bannis, chassés de leurs contines.
Ce riverain aux bois de combattant
Fait revivre cette histoire tambour-battant.
La beauté maltraitée de la nature
Reverdit à l’appel et ose nouvelle aventure.
Il a suffi d’un brame pour renouer,
Réanimer des milliers de jouets
Au sein d’un magique bois forestier
Foulé par de nombreux petits souliers.
Il a suffi de ce brame d’un cerf amoureux …
22 Octobre 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photos : Jacques Montanari sur Facebook
La juge Sweet
Après le départ du vieux juge BUBO en retraite,
C’est dans un nouveau cadre de verdure en fête
Que l’on vit arriver Madame la juge SWEET
Réputée pour avoir un tarabiscoté wit.
Contrairement à cette prétendue douceur nominative,
La Juge SWEET est d’une rigueur administrative …
À tel point que cherchant la moindre petite bête
Les dossiers s’empilent et les avocats font recette.
Du coup, de leurres las, les mises en demeure
Fructifient le beurre et l’argent du beurre
Madame la Juge SWEET a de la suite dans les idées.
La douceur, chez elle, n’est pas inée mais codée.
À peine arrivée, c’est une affaire fracassante
Qui fait déjà la Une sur le journal “La Bien Pensante”.
Un procès qui met le ciel dans tous ses états …
Sa lune est accusée d’être lunatique ! Quel débat !
Madame la Juge SWEET de nature très suspicieuse
Suspecte la malheureuse d’être trop amoureuse
De stars, de voies nébuleuses qui l’ont conduite,
Pour luire sur la place, à des tas de poursuites.
«Il est vrai qu’une nuit sans lune ne changerait rien …»
Songe la juge dans un soupir musicien.
Perchée sur la branche préférée de son tribunal
À ciel ouvert, surplombant une salle libre d’accès,
Elle redoute ce hard et premier procès.
Elle espère tirer rapidement au clair cet embrouillamini.
Confrontée aux arguments de la défense de Maitre HAUNY,
Et suite aux preuves insuffisantes, après délibération,
Madame la Juge SWEET se voit dans l’obligation
De relâcher l’accusée LUNAIRE plus connue sous La Lune.
La prie de rejoindre le firmament et ses quartiers de lune,
En attente de nouveaux indices plaidant en cette affaire.
Pour cette juge-rigueur tout doit être exemplaire.
De ses grands yeux noirs, perchée sur son mirador
Elle se dit que le temps du veau d’or
Dans ces bois verdoyants où elle se réfugie
N’a pas changé .. ce sont mêmes hémorragies …
L’affaire suivante est tout aussi rocambolesque
À croire que la juge SWEET attire le burlesque …
Une chouette du nom de BÚHO survolant un safari
Prétend avoir vu le fantôme de la courtisane Mata-Hari…
La juge SWEET, intriguée, n‘en croit pas ses oreilles !
Voilà qui me divertirait, une affaire à nulle autre pareille !
Alertée la Cour des Enigmes envoie séance tenante
Un célèbre enquêteur pour sa filature calaotante.
« Rien n’annonçait dans mon horoscope un tel charivari …
Un fantôme ou une réincarnation de Mata-Hari ?
Cette affaire ébruitée jusque dans le plus petit trou de souris ,
Me passerait sous le nez pour être jugée à Paris.»
Pour l’heure il est bien trop tôt de conclure
Ce que Madame la Juge SWEET va mettre en devanture …
«Si la lune condamnée disparaissait
Ce serait pour le moindre une gigantesque fessée …
Mais là aussi il y a supposition …»
Madame la Juge SWEET craque par omissions …
« L’été sera chaud parmi cette bande d’asticots illuminés …
Quelles faramineuses affaires à déminer …»
7 Mai 2018 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photos : Farid Radjouh Sophie Topsy Jacques Montanari
Christine Deslandes