Si tous les soirs
Si tous les soirs avaient cette splendeur,
Je penserais que par erreur
J’ai cru vivre dans la terreur
D’un monde ensemencé d’horreurs.
À pile ou face le Dieu créateur
Aurait-il renversé la vapeur
Avec un seul témoin perché
Sur cette plateforme de rochers ?
Quelques bras de mer côtiers
Rêvent de sable et de cocotiers
Tandis que d’abruptes roches
Se pelotent et se rabibochent.
Le ciel encore brouillé du passé
Lentement, d’une sérénité, a dépassé
Le seuil d’un soleil couchant
Heureux, soulagé, libéré des méchants.
Une île prête à m’emporter attend.
Mais pourquoi partir puisqu’à présent
Ce paradis à mes pieds contemplé
Est tout à repeupler ?
Si tous les soirs avaient cette beauté
Cette transcendance veloutée, sans me hâter
J’irai dormir dans l’obscurité profonde
Heureuse de vivre en ce nouveau monde.
8 Février 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Guilhem Doublet sur Facebook
