Pour un sushi

«Mère, est-il assez fol
Pour courir jusqu’à BANDOL
Jusqu’à ce Sushi bar …»
«Il est dingue, mes canards …»

«Quitter notre beau pays
Pour s’empiffrer de sushis
Cet insensé LA TAULIER
Finira dans une cage d’acier !»

«Mère, c’est quoi des sushis ?»
«C’est tout un panpan chichi …
Des mets japonais traditionnels
À base de poissons frais, l’essentiel.»

«Plus frais qu’ici en trouve-t-on ?»
«Ici, il n’y a pas de thon …
Ni algues, ni de crevettes,
Ni riz collant en croquettes …»

«Mère, il a perdu la raison !
Une groupée livraison
Nous donnerait la possibilité
De goûter nous aussi ces spécialités ?!»

«Oh oui, mère, allons arrêter sa course
S’il veur économiser ses bourses !
Moi, je veux le best-seller California Roll !»
«Et moi, le plateau tout saumon sur atoll !»

«Nigiri, maki … laissez passer cette bourrique
Pour une gastronomie à vous refiler la colique !
Priez plutôt le ciel pour que nos saumons,
Pour un sushi, ne désertent nos limons.»

 

1 Juillet 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

 

 

Qui l’aurait cru ?

A-t-on vu
Un garde-champêtre
Sans ses guêtres
Passer en revue
Tous les bars du coin
Du museau au groin ?

Pour une folle envie
De quelques shushis 
A-t-on vu un grizzli
Sonnant l’hallali
Jusqu’à Bandol venir
Pour son petit plaisir ?

Pour un plat japonais,
Même recommandé,
Quitter l’Alaska
Pour un exotique encas
Il n’y a qu’un LE TAULIER
Pour exiler son ratelier !

S’encombrer de baguettes
De boissons suspectes
Pour du poisson cru …
Qui l’aurait cru ?
Pour d’enroulées déclinaisons
Encore un qui perd la raison !

À moins qu’un poisson d’avril
En avance de queues de persil
D’une farce imbibée de saké et d’alcool
Veut affoler en France la gentle people
Du monde des crustacés et poissons …
Sans piège à l’hameçon ?

Qui l’aurait cru ?

29 Juin 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

Pour un like …

Est-ce l’instinct ou le flair d’un père
Qui amena BOND vers ce coin de Terre ?
Médusé de voir ses oursons livrés à eux-mêmes
Tandis que TROÏKA auprès de son taulard suprême
Lui envoyait de bouillonnants je t’aime …

«Vous auriez vu papa mitraillant du regard
Notre nurse écervelée, dingue de ce bagnard
Qui apparemment n’attachait aucune importance
À son petit manège d’approche, à ses manigances … »
«C’est du lard ou du cochon s’exclama père !?
Je reconnais bien là l’insousciance de votre mère !
Confier mes petits à cette nurse en mal de nounours …
Comme si c’était la seule issue de secours ! … »
«Quand elle vit papa, TROÏKA, mine de rien, maline,
Fit semblant de pêcher d’improbables sardines.
Baissant les yeux, évitant son regard mitrailleur,
Elle n’en mena pas large comme les saumons d’ailleurs.
Papa dans une rage folle chassa dans des gerbes d’eau
Notre nounou qui s’avérait ne pas être un cadeau.
Du moins c’est ce que dit papa à URSULE, peinée,
Qui regrettait Mary Poppins et ses rêves à la Peynet.
Moi, j’aimais bien TROÏKA et ses drôleries de rêveuse …
Au moins avec elle la vie n’était point ennuyeuse !
Faut toujours que les parents se mêlent de nos affaires !
Après tout LE TAULIER n’avait rien d’un mercenaire !
Du coup, après l’entrée spectaculaire de mon père
TROÏKA, triste, d’un discret au revoir de sa patte
Nous regarda partir vers de plus sûres pénates.
Quant à LE TAULIER, suivi de ses fidèles sentinelles
Il nous tourna le dos accompagné de cette ritournelle :
« I’m a pour lonesome bearboy « 
Sous le regard approbateur de la chouette ENJOY.
Et pour nous faire oublier ce regrettable incident
Papa nous amena au Jardin d’enfants … 
En plus c’était le jour de la fête de la musique
Et nous eûmes le fou-rire de voir ces grosses barriques
Se dandiner comme des vahinés brésiliennes
Enveloppées de chaudes canadiennes … »

 

 

21 Juin 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

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Photos :

LE TAULIER

«Voici ce qu’il reste du traîneau,
Des magiciennes et de leurs placébos !
TROÏKA, choquée par l’atterrissage
Est restée sur son gros nuage.
URSULE a perdu toutes ses provisions
Et bougonne contre ces maudites illusions.
Par chance nous avons atterri sans bobos
Près des rives fleuries d’un cours d’eau.
Sous le choc de l’attérissage, TROÏKA
S’est foulée une patte … quel tracas …
Elle s’apprête, en boitant, à faire trempette
Pour soulager sa douleur qui m’inquiète.
Comment nous défendre, nous porter secours ?
Sommes-nous loin de notre maman d’amour ?
Le cœur gros, aux aguets, l’âme à la dérive
C’est alors qu’apparaît sur l’autre rive
Le patibulaire et imposant LE TAULIER,
L’air féroce d’un sanguinaire carnassier.
Faut dire que son rôle de garde-champêtre
Est d’être là pour vous surprendre, d’apparaître
Quand on ne le veut pas mais l’espère
Comme en cette situation présente peu prospère.»
«Bonjour ma douce TROÏKA ! Vous souffrez ?
Rechercheriez-vous un peu d’air frais ? »
«N’osant lui parler de nos cuisants délires
Pour éviter les moqueries de cet hideux satyre,
Ce dieu Dionysos pour ménades féminines
Aux poils aussi collants que la séccotine.
Tout en lui faisant la cour, ce mythe champêtre
De sa langue pourlèche ce peut-être
Vers URSULE, terrifiée, respirant à peine
Sur un bloc de glace d’une banquise en haleine.
Quant à moi, face à ces eaux troubles libidineuses
Je cherche une issue pour échapper à cette rêveuse
Qui nous a mis, avec ma sœur dans le pétrin
Et qui pour un clin d’œil nous larguerait sur le terrain …»

 

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6 Juin 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

 

 

TROIKA

«TROÏKA, tu as aimé ce gala de danse ?
Dis tu m’écoutes ? … À quoi tu penses ?»
«Cette Mary Poppins, tout de même …
Je m’envolerai bien de même …»
«Il te faudrait une sacrée ombrelle !
Avec ton poids léger de demoiselle …
Tu t’imagines avec des chaussons roses … »
«Moi, j’ai bien aimé quand c’était la pause …
Le pop-corn était sucré au miel de roses …»
«TROÏKA tu es depuis notre retour toute chose …»
«L’air de cette boîte à musique m’ensorcelle …
Cette comédie musicale aux milliers d’étincelles …»
«Redescend sur terre, quitte ton gros nuage,
C’est toi notre nurse ..  pas besoin de mirages !
Tu n’as pas à envier cette forte bourrasque …»
«J’envie cette magicienne, ses dons fantasques …»
«Ma parole, cette Poppins l’a hypnotisée …
Ce matin l’herbe a la senteur d’un parfum anisé …»
«Supercalifragilisticexpialidocious …»
«Manque plus que la hache et les sioux ! …»
«URSULE ! mâchouille tes racines et ferme-la !»
«URSUS, tu vois bien qu’elle débloque … Ah lala !
Le ramoneur lui a ramoné la cervelle faut croire …»
«TROÏKA, s’il-te-plait raconte-nous une histoire …
Tu sais celle des trois oursons perdus dans la forêt …
Si mère te trouve dans cet état aussi éplorée
Elle ne t’engagera plus et nous aurons du chagrin …»
«À coup sûr elle dira qu’elle a un grain … »
«URSULE ! Tu veux que LE TAULIER rapplique ?
Il n’attend que ça pour nous envoyer en Arctique !
Et toute la musique qu’on aime des abeilles
N’enchantera plus Alice au pays des merveilles.»
«Si au moins j’avais eu un ballon ou un cerf-volant …»
«TROÏKA reprend les rênes et allons volant
Voir si Mary Poppins ou autre magicienne
Arrivera à nous faire oublier notre TROÏKA allogène ..
«Chic ! une balade en traineau !
Quelques provisions ne seront pas de trop … hohoho !»

15 Juin 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

 

 

An strange bear

Libre et sauvage
Ma crosse de vieux Sage
A fait de moi un élu
D’initiés tant et plus.

J’ai traversé le temps
De printemps en printemps
Sur des lits de galets
Je me suis affalé.

Parfois repu, parfois songeur,
Face à cet inconnu voyageur
Qui essaie de percer
Le sens de mes pensées.

C’est l’heure où mon amie,
Rampante et grosse fourmi,
Pétrifiée et solitaire
Me réclame une prière.

Je fixe son cœur de pierre
Envié par mes griffes guerrières.
Indifférent à l’agitation,
C’est mon instant d’adoration.

1 Juin 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

 

Hé ho !

URSUS est un rêveur !
Aussi rêveur que charmeur.
Ses pensées prises en otage
Voyagent sur des nuages.  

Parfois il bade aux corneilles
Émerveillé par tant de merveilles.
Il ne sait laquelle choisir
Tant de choses sont à découvrir.

La truffe au vent, il flaire
Des idées bonnes à lui plaire,
Sucrées comme le miel blond
Étalé sur son épaisse toison.

La gueule entrouverte on dirait
Qu’il déclame des vers, inspiré
Par des muses déguisées en baies
Qui le laissent bouche bée.

C’est son coin favori, son abri,
Son isoloir, calme, sans bruits,
Son lieu de méditation secrète
Que lui souffle la brise discrète.

En osmose dans le secret des dieux,
Captivé par la beauté du lieu,
Entouré par des poètes bien aimés,
Il est, au milieu d’eux, acclamé.

Ainsi de leurs communes rêveries
Ils échangent à travers bois et prairies
Toutes les figurations de leurs âmes
Qui les transportent et les enflamment.

27 Mai 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Gilles Thomas sur Facebook

 

 

 

Au voleur !

Madame BŒUF Musqué
Est au taquet 
Toute belle pomponnée,
D’une coiffe ordonnée,
D’un brushing tout frais
Sans le moindre frais.

De ses accroche-cœurs,
Elle cherche son voleur
Qui lui a dérobé l’ardeur
Qu’elle avait, pour ce charmeur,
Accordée à ce bellâtre.
Fâchée, elle essuie les plâtres,
Rumine la vengeance
Avec grande éloquence
À cornes pointues, rabattues,
À ce point d’honneur foutu.

De ses yeux malicieux
Elle a repéré ce vicieux,
Ce mâle arpenteur embusqué
Qui n’est point offusqué
D’une telle action abusive
De sa bosse affective.

De son air provocateur
Il fixe cette dame de cœur
Éperdue, Insatisfaite, 
De cette entreprenante conquête.
Outre passé ce privilège
Voilà que d’un cortège
Il ne veut s’embarrasser
D’une belle empressée.
Et sans un regard s’enfuit
Vers son artificielle nuit.

Madame BŒUF Musqué
Reste au taquet
Sa naïveté éveillée
Pour un éventuel oreiller
Qui paiera les pots cassés.
Un voleur, c’est bien assez !

 

24 Mai 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

 

URSULE

«Lui, c’est BOND !
Champion de la pêche au saumon !
Moi, je suis URSULE, super ravie
De vous présenter mon héros favori !
Fière de vous montrer mon papa en pleine action
Quand il a besoin d’une petite collation.
Dans un fracas d’écume, il bondit sur l’eau,
Ce qui hérisse d’admiration les poils de mon dos.
Il n’a pas besoin de canne à pêche ni d’asticot.
Dans un élan fougueux il mouline sans hameçon
Pour surprendre cet imprudent et intriguant poisson,
Ce provocateur visqueux tout ruisselant, mourant,
Qui frétille, se tortille pour échapper à son tyran.
Prisonnier de ses griffes en guise de fourchette,
Il est croqué tout cru jusqu’à la moindre arête.
Trop jeune encore, je dois me contenter
De quelques racines et délicieuses tétées
Ce qui m’empêche pas d’observer son savoir faire.
Je suis impressionnée par ses bonds spectaculaires.
Je m’entraîne en jouant sur la verte prairie
À imiter ses sauts pour l’instant de cabri.
 Mais URSUS me tire la bourre, se moque de mes bonds,
Me traite de balourde, de grosse dondon.
Vexée, découragée par ses sarcasmes et moqueries
Je me réfugie, pour me consoler, toute attendrie
Par ses petits câlins, contre ma douce mère
Qui ne manque pas de gronder mon vilain frère.
Rira bien qui rira le dernier, foi d’URSULE !
Je  bondirai aussi élégante qu’une libellule !
En attendant ma revanche, d’un soupir languissant,
Je me vautre, me délecte de ce plaisir réjouissant
Interrompu par la raideur de mon arrière-train
Tout crotté par les giclées boueuses du terrain.
URSUS, n’a pas eu sa part de câlins … pas de bol !
Ça lui apprendra de faire le mariol.»

 

 

26 Mai 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook

 

 

 

 

 

URSUS, l’ourson

«Comme un volcan, j’ai fait éruption.
J’ai vu le jour dans l’obscurité de l’hivernation
Peu avant l’arrivée d’URSULE, ma chère sœur,
Dans une tanière, à l’abri d’éventuels prédateurs,
Chaude et douillette cachette qui nous protégeait du froid
En l’attente du printemps pour quitter son toit.
À quelques lieues du Mont Katmaï couronné
Par une caldeira aux rebords abruptes, festonnés,
Dans ce magma de séduction, ses dômes de lave,
Ses nuées ardentes, cette grisaille et ses entraves,
Ses glaciers qui couvrent les flancs de la montagne
Ont fait de mon île les richesses d’un mât de cocagne.
Mon pelage au dégradé des couleurs du miel,
De pains d’épices teintés des gris du ciel
À mon épaisse fourrure donnent ce chatoiement
Célèbre jusqu’aux étoiles du firmament.
Dites-moi…  est-ce une chance d’être né
Dans ce parc national sans être importuné ?
Pouvoir gambader dans les herbes grasses et hautes,
Couper de l’herbe à pleines et jolies quenottes,
S’éloigner un peu de sa maman pour l’aventure,
Et vite retrouver son souffle, ses secrets murmures,
Pour quelques gouttes de lait encore sollicitées
Avant d’affronter les nuisibles adversités
Qui vont jalonner les chemins de mon errance
Et les petits bonheurs de mon existence,
Comme celui d’un like sur mon portrait
En train de machouiller par la racine, l’ivraie.
Chantons ! : (sur l’air de la bonne aventure ô gué)
Je suis un petit ourson
Grizzly de nature
J’aime bien mon joli nom
Et mes aventures
Si vous venez par ici
Vous n’aurez aucun souci …
URSUS ! URSUS ! appelez
Et peut-être vous me verrez !
Car l’homme avec ses Olé !
Est un petit soupe au lait.

à bientôt les amis ! …»

 

24 Mai 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook