Premier de l’an

Une brume saisonnière
Enveloppe de mystère
La forêt de Wattwiller
En attente de l’hiver.
Journée frileuse, humide,
Les raies d’un soleil timide
Laissent entrevoir les coloris
Le temps d’une éclaircie.
Mais l’hiver s’infiltre, pugnace,
Assombrit, décolore toutes traces
De ce flamboyant et brumeux sous-bois
Pour y déposer ses jours froids.
La couleur bistre et la suie
Des cheminées et leurs conduits
S’allient à ce que nature affiche
Dans l’indifférence d’artificiels postiches.
La forêt de Wattwiller
En l’attente de l’hiver
S’accorde un peu de répit
Tandis que l’automne s’assoupit.
13 Novembre 2022 – Jeannine Castel
Imprévisible vie
De factures et devis,
D’embuscades, d’issues,
De promesses déçues.
Imprévisible chagrin
Caché dans un écrin.
Inespérés bonheurs
Rescapés du malheur.
Imprévisible chemin de vie
Depuis le parvis
D’un château en Espagne
Et ses mâts de Cocagne.
Imprévisible chemin de vie
Aux folles envies
D’amours et de pardons,
D’inouïs abandons.
Imprévisible école de la vie
De vis-à-vis
De copains et copines,
De contes et contines.
Imprévisible chemin de vie
Aux rimes inassouvies.
Laissant là le cénote et ses mystères,
L’étang, pris de nostalgie, s’infiltre, erre.
Menacé par Bastet et sa horde déchaînée,
D’une source le voici qui au jour renaît.
D’un chant cristallin, son eau audacieuse
À travers bois serpente, enjouée, rieuse,
Traverse vallons et plaines accueillantes
D’un torrent grossi par cette chère amante.
En quête d’une dépression d’un coin de terre,
Épris fougueux d’un embarquement pour Cythère,
Aidé de Tlaloc, de la foudre et des champs,
L’étang, d’un lit s’étend, va grossissant.
Il retrouve ses poussières d’ors, ses brumes de passage,
Ses langueurs qui l’incitent au voyage,
Ses rives léchées par ses eaux gourmandes
Qu’un vent léger, frissonnant, réprimande.
L’étang va-t-il stagner là à demeure
Après nous avoir appâter d’un leurre ?
9 Avril 2022 – Jeannine Castel
L’automne flamboie
Dans tout le bois.
De vives flammes
Explosent, s’enflamment.
Derniers fards d’un été,
D’une mise en beauté
Sous la lumière bleutée
D’un ciel paré d’éternité.
L’ombre et la lumière
Se côtoient, familières,
Accueillent les saisons,
Tombent en pâmoison.
Derniers rayons flamboyants
D’un automne scintillant,
D’un été paresseux
Promis aux braises d’un feu.
24 Novembre 2021 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Dom Sea-wild sur Facebook
Quand l’automne,
De l’hiver envahisseur,
De l’orage qui tonne,
Se cache à sa froideur,
La brume, complice,
Dissimule avec pudeur
Les flamboyants délices
De l’automne en pleurs.
Brouillée, mine défaite,
La forêt devient discrète.
Les reflets dorés s’apprêtent
À subir cette indiscrète
Brume dense manifeste
Aux flous contours
Sans le moindre geste
De ses beaux atours.
Quelques feuilles téméraires
Résistent de leur lumière,
Égaient l’opacité du voile
Encouragé par les étoiles.
L’automne doucement
Se meurt sans engouement.
Seules ses essences
Embaument le silence.
Quand l’automne
Au vapeurs de l’hiver,
À son chant monotone
Ébruité par les courants d’air,
Installe sa brumaille
À travers les bois,
L’automne d’un dernier souffle
Se dénude et s’essouffle.
14 Novembre 2021 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Dom Sea-wild sur Facebook
Revoilà les bises grises
D’une pluie d’un dimanche,
D’une Terre soumise, insoumise,
Qui boit et s’épanche.
À des lieues de là, les bois
De l’automne flamboient,
Contrastent et larmoient
Sur l’étendue de mon désarroi.
Indifférente, elle déverse
Les fantasmes de ses averses.
Seule sa musique me berce
De cette poétique controverse.
Le jour, pour couper court,
À la lumière de l’abat-jour,
Dans un nocturne contour
Maintiendra ces beaux atours.
À mon insu mon âme, peut-être,
Parmi ces arbres contemplateurs,
Au-delà de ma pluvieuse fenêtre
Vagabonde sur ces senteurs.
Mes pensées, reflets de mon âme,
Ont déserté, mis en somnolence
Mon corps qui loue et réclame
Que telle beauté ne soit errance.
Cette évasion et sa réalité,
D’un présent dont la beauté
Comble la grisaille alitée,
De leurs bois m’ont exaltée.
7 Novembre 2021 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Dom Sea-wild sur Facebook