Hisse et haut

L’attention à la parole

D’une cohérence et ses symboles,

D’une vérité, peut-être frivole,

Paille et poutre font auréole.

Orienter ses oreilles, son cœur,

Vers les fruits de vraies valeurs

Sur un chemin de lumière

Où l’ombre nous attend, austère.

Derrière un écran, autre miroir,

L’ange et démon au bon vouloir

À peine restaurés d’un langage

N’est ni plus ni moins qu’une image.

Avec le temps et les années

La confiance, parfois, s’en est allée

Après tant de serments officiels.

La seule l’espérance reste le ciel.

Déporté, remis aux calendes, le ciel,

Sous l’apparence d’un arc-en-ciel,

A lui aussi, par acquis de conscience,

De son accueil, des exigences.

Avec ou sans paroles, la Vérité

Demande au temps témérité.

2 Mars 2025 Jeannine Castel

Ce monde qui m’entoure

Mars et ses giboulées

Son ciel soupe au lait

Ses couchers et levers

De soleils ravivés.

Une légère brise ce matin,

Sur ce mois en déclin,

Balaie la pluie abondante

De ses humeurs changeantes.

Son équinoxe astronomique,

Pour un printemps bucolique,

Offre à Dame nature

De poétiques enjolivures.

Une douceur de renouveau

Fleurit sur les bords de l’eau.

Avril et ses nouvelles envies

Partagera ses belles énergies

Aux carrefours de ses jours

Pour diffuser ses feux d’amours.

Comme Perséphone sortie des enfers

Mon cœur agité par ces quelques vers

S’ouvre à la beauté du monde

Oubliée, enfouie, sous les moribondes

Joies de la vie champêtre

Que recherchent tant d’êtres.

Et de ma fragile embarcation

Je hisse les voiles vers une union,

Éblouie par la luminosité

D’un prochain rendez-vous avec mon été.

31 Mars 2025 Jeannine Castel

Place Vendôme

Serrée tout contre vous,

Le temps d’un rendez-vous,

J’en oubliais la généreuse pluie

Tambourinant sur mon parapluie.

Sous l’aura de Gustave Caillebotte,

Armé de baleines et de bottes,

Vos baisers parfumés à l’échalote,

Depuis, ont préféré ceux de Charlotte.

De ce fugitif rendez-vous

Caillebotte n’est plus jaloux

Et de son riflard vert pomme

Il me chaperonne, bigre d’homme !

La pluie sur des baisers sans goût

Ruisselle, sanglote, en souvenir de vous.

Paris 23 Mars 2025 Jeannine Castel

En route vers Paris

Inouï TGV ! Le ciel est ténébreux,

Oublié sur les téléphones nombreux.

Les passagers, occupés par leur partenaire,

Têtes baissées, ils n’ont que faire

Du va et vient des longs couloirs.

Un silence d’or berce quelques loirs,

Tandis qu’à grande vitesse défilent,

Loin du vacarme des grandes villes,

Garrigues, champs de vignes, vertes prairies,

Qu’un soleil inondent. Enjoué il me sourit,

M’invite sur sa route ensoleillée vers Paris

Pour cette échappée de mon trou de souris.

20 Mars 2025 Jeannine Castel

Du flou, rien que pour vous…

Il y a des moments tranquilles

Où l’esprit dans un flou vaporeux,

Loin du vacarme de la ville,

Fait de toute chose un bien heureux.

Le temps, ce vagabond, d’un arrêt,

Ne fixe aucune image, aucun son,

Juste un vide serein, un lumineux rai,

D’un délicieux instant d’abandon.

Repos de la tête encombrée d’idées,

Juste un timide souffle caresse la peau.

Le fil d’une bobine se met à dévider

Tous les encombrements logés dans le cerveau.

Tout paraît facile, inexistant,

Juste un corps assis sur le présent

Dont la tête animée d’un cerf-volant

Se laisse porter par la brise du vent.

Paresse de ces moments tranquilles

Où la vie offre une sourdine

À l’existence de cet hôte fragile

Évadé de ses humeurs chagrines.

Quelques câlins de ces doux moments

Où même le rêve est en suspens,

Où le présent n’a que le temps

De manifester l’absence d’un égarement.

17 Mars 2025 Jeannine Castel

Masques et dentelles

Venise, ma toute belle,

Tes masques de dentelles

Aux dorures vieillottes, emplumés

De rêves et d’amours déplumés.

Ton grand canal à la tombée du jour

Où la Salute à la tombée du jour,

Sous la lumière d’un rai éphémère,

S’endort au son d’une dernière prière.

Sous ton pont des soupirs immuable

Vogue à la lueur des candélabres

Une gondole qui glisse sur le temps

Des rendez-vous fervents de galants

Prisonniers du coeur de leur belle,

Tandis qu’agenouillée dans une chapelle

Monte une plainte d’un deuil récent

Une musique qui flirte avec l’encens.

Cris et rires de mimiques d’un Carnaval

Sous des perruques bouclées, en aval

De la Place Saint Marc et de sa basilique

Où flânent, ce soir, mes rêves nostalgiques.

3 Février 2025 Jeannine Castel

Sur la carte du tendre

La barque est vide désormais…

Souvenir de ce jour de Mai

Où nous étions, très amoureux,

Couchés sur ce tapis soyeux

Avec pour seuls témoins silencieux,

N’osant pas troubler nos cieux,

Quelques canards qui évoquent aujourd’hui

Notre amour ardent, depuis enfui.

D’autres amours éclos sur la berge

Ont consumé, avec le temps, des cierges

D’un paradis perdu dans le chaos

Déserté de tendres et doux bécots.

Il reste, en suspension dans l’air,

Une musique de ce lointain désert

Où quelques frissons commémorent encore

Toutes ces promesses nées avec l’aurore

D’une immortalité entrevue un instant

Entre deux cœurs aux empressés serments.

Un bouquet séché, déposé en offrande,

Rappelle toutes les belles floraisons gourmandes

De ces couples venus là s’étendre,

S’aimer sur la carte du tendre.

Ils n’ont laissé de leurs amours

Que ce paysage et ses beaux atours.

9 Mars 2025 Jeannine Castel

Être et avoir été

La grandeur n’apparaît pas toujours là où on l’attend,

mais quand elle apparaît aucune obscurité ne pourra l’éteindre.

Être et avoir été

Quand l’hiver redevient été,

Quand mon corps à mon âme

D’un corps à corps l’enflamme,

Ridée par la présence

De la mortelle échéance,

Face à cette voleuse de vie

Être et été deviennent rêveries.

Être et avoir été

Quand le printemps dépité

M’endeuille d’un automne

Où mon âme, telle un drone,

Survole le volcan éteint

De mon passé dans son écrin,

Un être de lumière pour le dégel

Prend place chez mon corps mortel.

Aux quatre saisons alors

Être et avoir été, ciselés d’or

Ne redoutent plus les ombrages

D’une vie limitée aux caprices de l’âge.

Mon âme libérée du corps s’évade

Pour d’éternelles promenades

Hors de portée de mon corps

De cet être et avoir été d’alors.

Naître et renaître

Pour être sans être.

9 Mars 2025 Jeannine Castel

Assise sur une étoile

Assise sur une étoile

D’un jour sans voile

Je largue les voiles

Vers une mystérieuse toile

Accrochée à des vers

Nus comme un ver.

Libre, aussitôt prisonnière,

Gardée par ses frontières,

La poésie m’emprisonne

De ses amours me façonne

Par ses mots qui fusionnent,

Sur ma personne résonnent.

Ce monde qui m’entoure

De leurs chants de bravoure

M’éloignent, indifférente,

De leur folie galopante

Et de mes rêveries veut

S’emparer du moindre aveu.

Après avoir conquis la lune,

Picoré sur Mars quelques prunes,

Insatisfait de ses conquêtes

Le monde, ce coupeur de têtes,

Sur mon étoile vient, m’arrête,

Mais la lumière aveugle sa conquête.

Mon étoile était filante

Et la gueule béante

Avide de mots décapis

Depuis va sans repit

Sillonner le monde de l’univers

Ce monde des enfers.

Assise sur l’étoile polaire

Éclairée par sa lumière

Je poursuis ma nuit étoilée

Qui va m’être dévoilée

En compagnie de mes muses

Et de leurs poésies intruses.

2 Mars 2025 Jeannine Castel

Au bon leurre

L’inconstance d’un ami,

Une girouette dont l’anatomie

Au gré du vent, sans raison,

Vous rejette en bon félon

Après vous avoir encensé

De ses belles pensées.

Et l’on reste pantois

Face au discourtois

Comportement de cet être

Que l’on vit apparaître

Croyant à tout cet enfumage

Qui n’était que libertinage.

Le mot amitié n’est plus qu’une formule

Qui erre avec ce somnambule

Ami au pistil dont l’allogamie

Pollinise selon ses fantaisies,

Déploie tout son arc-en-ciel

De son être superficiel.

Perdre un tel ami

Évite de vivre dans l’infamie.

13 Mars 2025 Jeannine Castel