Cette nuit la lune a ronflé si fort
Que son ami Robin en son château fort,
Malgré l’épaisseur des grises murailles,
D’une nuit blanche sans épousailles
Aurait préféré une lune de miel plutôt
Que d’entendre les ronflements d’un poivrot.
Pleine comme une huître gibbeuse,
Selon le quartier, la lune, cette gueuse,
A tant roulé sa bosse, commandité de négoces,
Qu’elle s’est enivrée au souvenir de sa nuit de noces.
Robin sur une grande échelle escalade
Les degrés alcoolisés de cette camarade
Gibbeuse depuis la nuit des temps.
Dessaouler la lune, certes, mais comment ?
Pour Robin atteindre la lune quelle ivresse !
En extase tous deux, d’un vin de messe
Trinquèrent à cet événement sans précédent.
Surpris, Robin découvrit que la lune avait des dents.
Des dents de Gibbon d’une terrestre sphère …
Éperdument amoureuse d’un astre solaire
Sous un masque de primate aux lunatiques humeurs,
La lune filtrait ses impuretés pour ce soleil voyageur.
Comme un poisson pris à l’hameçon, Robin, stoïque,
D’un rêve au cauchemar chuta du générique.
Il se retrouva au Pont des Soupirs
Cuvant dans un cachot les élixirs
En compagnie du bossu de Notre-Dame
Et d’un vin clairet pour noyer ce mélodrame.
Quand la nuit la lune ronfle fort,
Robin, consolé, envoie de son château-fort,
Fées, sorcières et tout leur équipage.
La lune rêveuse, devient gibbeuse et rage.
Robin du haut de son donjon
Depuis déclame ces dictons :
Lune auréolée … Oyez signe d’eau !
Lune gibbeuse… Noces tapageuses
Croissant de lune à la St Robin …met ton vin en cuve ou si
c’est pleine lune … Ton vin réjouira la lune.