Rêve d’eaux
Après une nuit de repos, l’étang
Éprouve le besoin d’un nouvel élan.
C’est dans ce décor d’un théatre de verdure
Que ses eaux s’agitent, vont à l’aventure,
Franchissent les obstacles avec rage
Pour finir leur course dans un bel ermitage
Gardé par un élégant cygne solitaire,
Gardien d’un lieu d’ombres et de lumière.
Ses rives en zigzags, d’herbe florissante,
Ont pour seuls visiteurs et passantes
Les racines d’arbres fantasmagoriques
Abreuvées de passions idylliques.
En ce mois de mai cachotier, ombrageux,
La biche a fui ce sous-bois soupçonneux.
L’étang assombri, de beaux contours,
Se voit prisonnier d’une fin de parcours.
Il maudit son vilain penchant pour l’aventure,
Sa soif inassouvie d’irriguer Dame nature.
Ce calme plat soudain angoisse ses fonds.
À la beauté l’échange avec un typhon
Bouscule, effraie ce paisible paysage.
De ce désir pluvieux en attente d’orage,
L’étang apprécie ce poétique marivaudage
Orchestré par ce blanc navigateur sans âge.
C’est ainsi que ce rêve d’eaux a vu le jour
Tout en creusant une voie de secours.
L’ennui de l’existence, la peur du vide,
Poussent les courants aux eaux intrépides
Hors de ce coin irréel, théâtral, sublime,
Ancré, désormais au rêve d’eaux de ces rimes.
