Archive pour la catégorie 'biographie'
Une vie en quelques chansons
Café des Arts
Carmèle
Souvenir jauni d’un monde disparu
D’où remonte l’agitation de ma rue.
Je me revois devant le local du cordonnier,
Le ressemeleur de nos vieux souliers.
On l’appelait Carmèle, italien d’origine,
Sur la pointe des pieds, courbant l’échine,
Nous osions troubler avec appréhension
Son labeur qu’il clouait avec ostentation.
Il arrivait, selon son humeur, qu’une chaussure
Vole en éclat avec d’incompréhensibles injures.
Tel un ours dans sa caverne grommelant
C’était un exploit que d’en sortir rayonnant.
Avec Claude ou Éliane et les osselets,
Familiers de son établi vieux et laid,
De pieds à l’étrier, d’enclume et de marteau,
Ces os du boucher Maurice nous reliaient à Carmélo.
Attenante à ma maison d’enfance, sa boutique
A jailli ce jour de mes souvenirs nostalgiques
Enterrés, enfouis sous de nouvelles constructions.
Carmèle ou Carmélo, peu nous importait la Nation.
Quand le jeu devenait trop animé à son goût
Il nous chassait comme des mouches sans dégoût.
Il nous restait les jours de fermeture pour revenir
S’asseoir et partager nos moments de loisirs.
La vie nous éloigne et nous rapproche.
Plus d’osselets cliquaient au fond des poches.
Le temps d’un saut à la corde, d’une marelle,
Des talons s’étaient ajoutés aux semelles …
16 Octobre 2021 – Jeannine Castel
Les roses trémières
Ce 28 Octobre, un deuil lointain
Va brûler dans les flammes de mes chagrins
Éparpillés sur les rimes de mes poésies
De nos moments vécus et cramoisis.
Sur les ailes d’un papillon mon cœur
Le reverra peut-être surgir comme un voleur.
Ma vie si naïve aux buccoliques dédicaces
S’est endurcie au pic brisant la glace.
Réchauffée par des interventions de fusibles,
Mon âme libérée de ce lien insensible,
Après un choc émotionnel de cet été meurtier
D’une croix a remplacé cet Angelo aventurier
Ce chiffre trois perturbateur en ce duo
Aura-t-il été, au bout du conte, le gros lot
D’une mise en sellette d’obscurs désirs
Pour la beauté des rimes qui ne voulaient dormir ?
Devenue étrangère à ce compagnon vagabond
Le voilà qui erre depuis, après ce faux-bond,
Pénètre mes rêves, surgit dans mes pensées
Sans aucune excuse de m’avoir offensée.
Un 23 Octobre pour un changement de cap
Vers un Univers, pour un éternel abandon au nap,
Une partie de mon passé est morte, calcinée
Dans un brasier de ma romanesque dulcinée.
28 Octobre 2020 - Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Quand bien même
Quand bien même je serais célèbre
Je serais aussi nulle en algèbre !
Quand bien même mes fautes de grammaire
Auraient-elles l’excuse d’être une grand-mère ?
Quand bien même je serais poète reconnue
Je vous devrais ce mérite bien venu.
Quand bien même je serais une star …
Je l’ai été … je suis restée dans mon placard !
Quand bien même je serais une héroïne
Je remercierai la grâce et sa bonté divine.
Quand bien même je serais très riche
À tant donner, me resteraient plus de pois chiches.
Quand bien même je serais reine
Entre toi et moi, je pèterais sereine.
Quand bien même je serais une idole
J’aurais toujours ce pot-de-colle
Qui scelle depuis que je suis née
Mes brins de folie, mes rêves passionnés.
Quand bien même j’aurais eu toutes les chances
Je resterais la Pistrouille de mon enfance
Qui n’aimait pas aller en classe.
C’est inné que d’avoir de la classe.
En dépit des coups de martinet …
Dire je t’aime
Quand bien même
Quel dilemme …
17 Mai 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Jeannine Castel sur facebook
Merci #mariepaulebelle pour ce « Quand bien même » que vous m’avez inspiré.
Site officiel de Marie Paule Belle : https://www.mariepaulebelle.com/
Sans retouches
J’ai écouté mon cœur qui bat
Toute émue, sensible à son combat.
J’ai visionné mes tubes sur « Carotides »,
Déchets de mon sang déposé sur leurs rives.
Mes coronaires respirent avec le souffle
De ce cœur précieux qui s’emmitoufle,
Se recroqueville sous les coups d’épées
D’âmes qui errent, désertées par la paix.
Je n’ai pas vu le fond de mon œil …
Ma vue abusée souvent par ce rince-œil
Qui capte, voit tout ce que ma mémoire,
À mon insu, engrange dans son auditoire.
Que dire de mes parties intimes visitées
Par des aventuriers, explorateurs parasités,
Parfois bourreaux vous allongeant d’une claque
Cette vision redoutée de l’état de la baraque.
J’ai vu passagère de l’ovnie « L’illumination »
Mes croyances religieuses, subites apparitions,
Des phénomènes étranges qui s’invitent sans accord
Sollicités par le cerveau pour me sauver de la mort.
Ma poésie m’a servie de support-confidentiel
Elle qui voyage, si familière avec le ciel.
À cet instant, assise sur mon balcon ensoleillé,
Une brise frisquette vient gentiment m’épouiller.
M’épouiller … ces fines dents osseuses d’un peigne
Que ma mère passait sur ma tête de teigne.
Un arc-en-ciel sur leurs saintes douleurs …
Mes pauvres parents face à ces baissers de couleurs !
En aurait-il été autrement si j’avais eu un entourage
Plus à l’écoute que vos conseils de commérages ?
Sans oublier la sœur Joseph en cornette et mes joues
Au souvenir brûlant de ses humiliants joujoux.
Voyez d’écouter son cœur qui bat
Peut amener à confier de lointains ébats.
Mais en ce monde de turbulences et violences
J’estime, merci la rue, avoir eu de la chance.
Devenir adulte, avec ce que je vois, je préfère
Retomber en enfance sous l’appui du mystère,
Forgée par les coups sur un corps en fusion
Et sur « My story » signer pour vous ma déposition.
Et je n’ai pas tout vu comme cette mouette
Que je viens d’apervevoir sur ma tête !
Elle a du prendre pour une vague
Mes mèches folles qui parfois divaguent.
11 Mars 2020 – Jeannine Castel
La maison de mon enfance
La maison de mon enfance
Ne connait que le silence.
Les ruines n’en ont pas voulu.
Dernier témoin, la longue avenue
D’un colonel qui logeait en sa Providence
Les orphelines aux blouses noires sans élégance.
Elles passaient pour aller à l’école,
En rang serré, sorties de leur geôle,
Cet orphelinat à l’immense portail
Géré par des soeurs en cornette, leur sérail.
Le 37 griffonné à l’encre noire
A porté le matricule de mon histoire
Durant dix-neuf années dissipées, mêlées
Aux turpitudes d’un voisinage à démêlés.
C’était le kibboutz du quartier sans latin,
Cette langue ignorée des cancans et potins
De femmes au foyer qui ont comblé
L’amour de ma mère au passé ensablé.
Les portes ne connaissaient pas les serrures.
On allait, venait, l’accueil n’avait pas de figure.
D’étage en étage, de paliers en escaliers,
Nous partagions un semblant d’amitiés.
Faire ses classes au 37 valait bien un diplôme.
Au jeu de touche pipi je découvris l’homme …
Le sexe était un sujet tabou mais se pratiquait.
C’est dans le non dit que l’on s’éduquait …
J’avais le choix entre coucher avec ma grand-mère
Ou dans la chambre des parents calorifère.
Les cigognes ne m’ont pas dit pourquoi
Elles m’ont parachutée en cet endroit …
14 Juillet 2016 - Jeannine Castel.
Le 37 en 2002 avant sa démolition
Marcel
L’heure est venue de rendre hommage
A ce père qui n’a plus d’âge
Niché plus haut que les nuages
Mon père de mon premier babillage.
Il est temps de lui demander pardon
Quand de sa ligne à l’horizon
Il attendait au bout de son hameçon
Que lui reviennent mes abandons.
Il est tard de lui avouer
Les mots que nos gorges nouées
N’ont pu dire, idiote pudeur,
Gardés au fin fond de nos coeurs.
Il est toujours mon père, ce flic du mitard,
Ce père peu bavard, épongeant d’un buvard
Les larmes que d’affreux requins amorcèrent
A nos lignes, nos misères.
L’heure est venue par votre témoignage
De le voir réjoui de vos nombreux passages
Sur la prose qu’une de ses » filles chéries «
Ecrit, dernière parole à son dernier cri.
A ce père Gardien de la paix
Dont le corps repose en paix,
Son esprit est venu, ce dimanche matin,
D’âme à âme, me faire de gros câlins.
13 mars 2016 - Jeannine Castel
https://youtu.be/I6y7od90UN4