La Miss

De retour d’un coin de buvette, au détour d’un sentier,
JULIO, surpris, voit arriver le portrait familier
D’une suricate belle, pomponnée, sur un char décoré
D’herbes sèches à défaut d’élégantes centaurées.
Sans perdre une seconde, il s’empresse d’aller voir
De plus près cette candidate sortie de son terroir.
JULIA, réveillée par le bruit des roues fouineuses,
Cligne plusieurs fois des yeux vers cette tête radieuse
En train de faire une entrée triomphale, royale,
Sous le regard approbateur de la tribune impériale
Occupée par les membres de sa grande communauté,
Membres du jury, tous fiers d’avoir à numéroter
Leur MISS, d’une fraicheur virginale, éclairée,
Qu’une pudeur affichée ne pourrait tolérer.
Des membres du jury, avertis au dernier moment,
Sont recouverts de boue, hypnotisés par leurs sentiments.
Ils aperçoivent déjà, excités, en véritables sentinelles
Le prix Camélia sur le n°12 qui explose d’étincelles.
Gare au membre qui voterait contre leur MISS.
« Il parait qu’elle est aussi actrice ? Tsss… »
« Ah ? JULIA, comment sais-tu cela ma parole … »
« Museau pointu, dos rayé, dents acérées, beau rôle
Pour cette comédienne à l’enthousiasme en brèche. »
« Je vois pas le rapport avec cette MISS sur son calèche. »
« Toujours debout à guetter quelque acteur ou scénario,
Que te faut-il de plus ? Oh la MISS ! Tu te crois à Rio ? »
« JULIA, tu vas nous attirer la foudre des suricates !
Avoue que miss ou vedette, cette star sur sa sellette
A bien sa place au sein de notre parade si chouette … »
« C’est l’avantager .. regarde, ils ont déjà fait leur choix … »
« Ne serais-tu pas un peu jalouse ? » « Jalouse, moi ? »
« Regarde ! Même sur sa cariole elle monte la garde, quel stratège !
En cas de pet, elle risque sa vie pour un tour de manège ! »
« Nous sommes là pour lui porter secours JULIA …
Au fait, as-tu choisi la couleur du camélia ? »
« J’hésite … il y a tant de formes, de couleurs, de significations.
En tout cas cette MISS a su utiliser l’effet pygmalion. »
Et sous les ovations le n°12 est attribué avec brio.
« JULIA, quelle ambiance, on se croirait à Rio … »