Ainsi font, font, font les petites marionnettes
Devant mon berceau ce chant en goguette,
Avant de grandir, de devenir un être,
Me résumait ce qu’est naître et disparaître.
Ma mère, sans doute pour conjurer le sort,
D’un discret paquet de sel, ignoré des sponsors,
Avait salé ma couche de l’addition punitive
D’un paradis qu’elle avait entrevu, orpheline.
Et d’un dodo l’enfant do dont je ne me souviens,
Dégustant entre les étages de nos biens
Du baba, du gâteau au chocolat, ces douceurs
Bercées par la présence bouclée de ma soeur.
Heureusement St Pierre et sa clef au portillon,
Après avoir passé pompon les macarons,
À l’arrivée inquiétante de la mère Michel,
Jugeait son chat responsable de la disparition du paquet de sel.
Ce nom familier de Michel d’un lien en discorde
Ajouté à la Salade, en sautant à la corde
M’expédiait du roquefort au gruyère
Sur la tombe buissonnière d’une aïeule Cadière.
Désaltérée par l’eau de la Clairefontaine sans doute,
Ce cahier d’écolière au cours de ma route
De la feuille d’automne emportée par le vent
M’a sauvée d’une jambe de bois de son paravent.
Paravent qui m’attendait au pied de la dune du Pilat,
Au clair de la lune, cahin caha, deci delà,
Où vous m’attendiez depuis ma naissance
Pour une Courtepaille de bonheurs et souffrances.
Une vie en quelques chansons du microsillon au crayon
Où j’ai dansé sur leurs flots et tourbillons,
Les pieds sur terre, la tête dans les nuages,
Sur la portée musicale d’ancestraux babiages.
Photo rescapée des souvenirs.