Archive pour mai, 2022

Il a suffi …

il a suffi

Un ténébreux lever du soleil
N’incite pas à sortir du sommeil
La grue couronnée du premier étage
D’un perchoir difficile à l’abordage.
Arc-voutée, sa voisine du dessus, 
Dans la pénombre semblerait bossue,
Si ce n’est que perchée sur son piédestal
Elle pique du bec ce rêveur sentimental
Plongé dans un sommeil lourd,
Sourd à son besoin pressant d’amour.
Ainsi en ce lever d’ombres chinoises,
Au soleil inexistant pour cette bourgeoise,
L’ombre et la lumière inclinent
À imaginer ce que ces deux figurines,
Sur un scénario sans dialogue,
Peuvent, en ce lever de soleil en vogue,
Inspirer au chanceux ou hasardeux passant
Une vision d’outre-tombe de Maupassant.
Il a suffi d’un soleil obscur, capricieux,
De rimes vagabondes jaillies des yeux,
De deux grues couronnées perchées, marginales,
De l’Ascension et d’une âme matinale …

 

25 Mai 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : Lise Perreault sur Facebook

Rêve d’eaux

goussault1

Après une nuit de repos, l’étang
Éprouve le besoin d’un nouvel élan.
C’est dans ce décor d’un théatre de verdure
Que ses eaux s’agitent, vont à l’aventure,
Franchissent les obstacles avec rage
Pour finir leur course dans un bel ermitage
Gardé par un élégant cygne solitaire,
Gardien d’un lieu d’ombres et de lumière.
Ses rives en zigzags, d’herbe florissante,
Ont pour seuls visiteurs et passantes
Les racines d’arbres fantasmagoriques
 Abreuvées de passions idylliques.
En ce mois de mai cachotier, ombrageux,
 La biche a fui ce sous-bois soupçonneux.
L’étang assombri, de beaux contours,
Se voit prisonnier d’une fin de parcours.
Il maudit son vilain penchant pour l’aventure,
Sa soif inassouvie d’irriguer Dame nature.
Ce calme plat soudain angoisse ses fonds.
À la beauté l’échange avec un typhon
Bouscule, effraie ce paisible paysage.
De ce désir pluvieux en attente d’orage,
L’étang apprécie ce poétique marivaudage
Orchestré par ce blanc navigateur sans âge. 
C’est ainsi que ce rêve d’eaux a vu le jour
Tout en creusant une voie de secours.
L’ennui de l’existence, la peur du vide,
Poussent les courants aux eaux intrépides
Hors de ce coin irréel, théâtral, sublime,
Ancré, désormais au rêve d’eaux de ces rimes.

goussault

14 Mai 2022 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photos : Eric Goussault

Palsambleu !

brève

Un brève bleu venant de Thaïlande
Sur sa sous-espèce se demande
Si le Cyanéa est plus bleu
Que l’Aurantiaca brève bleu.
Bleu comme un Willoughbyi des montagnes
Il espère réchauffer une compagne
Glacée par les neiges éternelles
De l’Himalaya si froide, si rebelle.
La lune, cette grande aventurière,
Que ce brève bleu indiffère,
Qu’il soit du Laos, de l’Inde, du Cambodge,
Laisse douter ce brève bleu sur sa loge.
Brève rêverie le temps d’un passereau,
La Lune laisse poireauter cet indécis oiseau
Plus sédentaire qu’elle. La nuit achève
L’attente du brève bleu et son rêve.
Il s’enfuit vers d’autres nuits bleues,
Au fil des saisons et de ciel bleu.
Après de brèves attentes nocturnes
Caché dans le sous-bois, il revient, taciturne,
D’un continent indien, seul, sans succès.
Réservé, ce brève bleu n’aime pas les excès.

 

19 Mai 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Extraordinaire Nature

 

 

 

 

 

 

JULIO, un redoutable prétendant

briju

«Alors mon JULIO, t’as pas la pêche ?»
«Bof … c’est à cause de QUEEN, cette pimbêche !»
«QUEEN ? Une nouvelle copine ? Depuis quand ?«
«Depuis … depuis … depuis le printemps …»
«Et tous tes copains ? FIASKO … et la ribambelle ?»
«Depuis les fortes pluies … plus de nouvelles !»
«J’espère qu’ils vont bien ces petits trésors …»
«Je sais pas … peut-être qu’ils sont morts …»
«JULIO, c’est quoi qui te tracasse ?»
«Grand-mère, c’est la faute de cette bécasse.»
«Une bécasse ? Par ici ? Se serait-elle égarée ?»
«T’as rien pigé ! C’est QUEEN, cette tarée !
Elle m’a posé un lapin cette givrée »
«Et bien, d’une infidèle te voilà délivré !
Une de perdue dix de retrouvées !»
«Déjà pour une pas facile… comment la trouver ?»
«Elle est peut-être tombée dans une embuscade ?»
«QUEEN ? Qui voudrait de cette tocade ?»
«Alors, que fais-tu là à l’attendre ? 
«Ouais, c’est ce que je voudrais bien comprendre …»
«Mieux vaut être seul que mal accompagné …»
«Ça y est ? Tu as inventorié toutes les toiles d’araignées ?»
«Tiens, c’est pas elle que j’aperçois là-bas ?»
«C’est pas QUEEN ! C’est KRAMBA !
«Ça c’est incroyable, KRAMBA ! Elle est venue !»
«Mais QUEEN ?» «Quoi QUEEN ? Cette fausse ingénue !
Je sentais bien qu’elle me ferait le coup du lapin !»
«Ce qui explique ton manque d’entrain du matin …»
«Du coup j’ai posé deux rencards en même temps …»
«Caramba ! JULIO tu es un redoutable prétendant !»

mamie

Les poèmes de Chatnine
photos : Bri Lions

 

20 Mai 2022 – Jeannine Castel

Nuit de noces

eclipse

La lune, cette nuit, d’une éclipse
En quelques minutes hâtives, s’éclipse.
Un flirt avec le ténébreux astre solaire
Se dévoile au regard de témoins de la Terre.
Une lune de sang, bien ronde, très matinale
Par le soleil est épousée, magistrale, ancestrale.
Une lune au rose tendre, douce, poétique,
Enjouée, mystérieuse, lunatique, énigmatique,
Cachée à l’ombre de sa voisine planétaire.
Une lune rouge de plaisir derrière cet austère
Paravent lumineux de l’immense atmosphère.
Au petit matin, heureuse d’une aube nouvelle,
Quelques reflets nostalgiques se souviendront d’elle
Sur l’onde et ses âmes vagabondes, passagères
Éblouies par ce rubis réduit en poussières.
Comme ces oiseaux scrutant le firmament,
Apercevez-vous la lune s’éclipsant discrètement ?
En cette nuit de noces la lune s’est absentée
Pour vous laisser un aparté à commenter.
Il semblerait que ce couple d’eurylaimes
A gardé un souvenir de cette éclipse suprême.

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16 Mai 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine

Photos : Animaux et Paysages du Monde – Le Site
Eric Goussault

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 16 mai, 2022 |Pas de commentaires »

Noces tragiques

voile

Un horrible accident de carrosse
A annulé leur nuit de noces.
Mise à pied au lit de leurs épousailles
Pour ces deux cœurs brisés par la ferraille.
De leur résurrection, dans l’attente désormais,
D’un défunt passé aujourd’hui parsemé,
Leur couche n’attend qu’une délivrance.
Mais qui viendra panser leur pénitence ?
Impatients, ils implorent qu’un présent
Les ramène du monde des absents.
Condamnés par cette destinée commune
Ils n’ont pour toute attente qu’infortune,
Une image d’un bonheur qu’ils croyaient éternel
Comme le montre ce voile étoilé, immortel.
Loin de la nuit et du jour, ces deux amours
Qu’un vivant brouillé a uni pour toujours,
Voyagent sans fin dans l’espace
En cet Univers qui nous suit à la trace.

11 mai 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Pixabay

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 14 mai, 2022 |Pas de commentaires »

Martin bredouille

martin

Compère Martin-pêcheur malachite
S’accroche à ce voilier qui gîte,
Peste contre le vent dévergondé
Qui empêche son œil de sonder
L’eau parcourue d’ennuyeux frissons,
Ce qui réjouit les petits poissons.
Les lames aiguisées de son bec
Souhaiteraient que soit à sec
La rive de cet étang nourricier,
Tandis qu’un grognon héron vacancier,
D’apparence froide comme l’acier,
Prêt à poignarder de gênants locataires,
Découvre son nouveau pied-à-terre.
Compère Martin, que la faim tenaille,
Râle après cette grue couronnée qui braille.
Du haut de son perchoir elle ameute
La faune aquatique inquiète d’une émeute.
Décidémment c’est un jour maussade.
Compère Martin-pêcheur reste en rade !
S’accrochant de plus belle à son voilier,
Sous le conseil amical d’un rollier,
Il décide avec l’aide d’une sentinelle
De faire gorge-chaude à d’autres écuelles.
Ce n’est pas un gobe-mouche du paradis
Qui fera de l’ombre à ce pêcheur hardi !
Trop occupé à confectionner sa bonbonnière,
Il n’a cure de Martin et ses ailes familières.
C’est ainsi que compère Martin-pêcheur malachite
De tant de gêneurs change souvent de gite.

grognon grue sentinel

 

5 Mai 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo :Patrick Kientz Tembo by Jackson sur Facebook

 

 

Gratouille-chatouille

Henrik Just

Quand le dos gratouille,
De ces trois jolies bouilles,
Maman-Chatouille les amène
Au tronc d’un jeune arbre, l’aubaine,
Pour apprendre à se soulager
Contre ce totem sans danger,
Des piqures cuisantes, irritantes,
De parasites goulues, ardentes.
Chacun leur tour, les oursons
S’appliquent à retenir la leçon
Sans se préoccuper de savoir
Si les bébêtes broient du noir.
Pendant que l’un passe la brosse,
Sous l’œil admiratif de maman-molosse,
Les deux autres grattent la terre
Sans réfléchir au dos de leur frère
Qu’ils pourraient gratouiller 
De leurs longues griffes émoustillées.
L’arbre qui n’a pas son mot à dire
De leurs frottements a le vire-vire.
En cette gratouill’party en famille
L’arbre parfumé par ces joyeux drilles,
Grandira, grossira au fil des saisons.
De démangeaisons en démangeaisons,
Tout un escadron de potes en vadrouille
Viendront s’éclater, jouer à gratouille-chatouille
Tant que durera leurs belles saisons.
L’arbre déserté attendra les floraisons.

5 Mai 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Animaux et Paysages du Monde Henrik Just

 

 

 

 

Bois de Cise

cise3

Bois de Cise, indécise,
Poussée par l’audacieuse brise,
J’empruntais ce petit chemin
D’un pas indiscret et serein.
Le poids du silence était si lourd
Que le moindre bruit des alentours
Rappelait à mes sens endormis
L’existence d’un possible ennemi.
Après la haie des glycines blanches,
Le chemin aux marches en bois étanche,
Bordé de touffes d’herbe cajoleuses,
Gravissait, traversait la forêt broussailleuse.
De vieux troncs lisses, percés de trous,
Nostalgiques des becs et leurs courroux,
Semblaient être désertés du dernier hibou.
Telle Alice en cette forêt enchanteresse,
Ou Blanche-Neige égarée, en détresse,
J’aperçus une maison à l’abandon,
Prisonnière de ce bois et ses bourdons.
N’osant déranger quelque sorcière,
Les sept nains ayant changé de chaumière,
Je passais mon chemin évitant les orties
Pour regagner, de ce bois de Cise, la sortie.
De ces contes cabossés, au loin, en chemin,
J’aperçus une tourelle coiffée d’un hénin.
Était-ce le palais d’un prince inconnu ?
Pas de sœur Anne en signe de bienvenue.
Je pus lire sur un écriteau ces quelques mots :
“Parti en croisade, je reviens bientôt”.
Par peur d’un piège de l’ogre Barbe-Bleue,
Alertée par le sifflement d’un gorgebleue,
Troublée, je constatais qu’aucune promise
Attendait ce chevalier du bois de Cise.
Je cherchais en vain un caillou du petit Poucet,
Quand une poule, sans crier gare, se mit à glousser.
Je pris la poudre d’escampette à l’idée qu’une sorcière
En ces animaux errants n’était pas étrangère.
Du bois de Cise, indécise, je m’enfuyais, songeuse,
De cet étrange bois aux énigmes mystérieuses.

cise2 cise1 orties anne

 

29 Avril 2022 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos :  Patrice DeCharleville

 

 

Muguet du 1er mai

muguet1

Que ces brins de muguet
vous apportent du bonheur !

Jeannine castel

Publié dans:Littérature et Poésie |on 1 mai, 2022 |Pas de commentaires »

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