Archive pour avril, 2021

L’instant d’un vol

gardeboeufs

Un bataillon de hérons silencieux
Pattes tendues, au vol gracieux,
Poignardent l’écran du firmament
À la conquête de continents.

Invités par les poitrails
D’un troupeau de bétail,
Repus d’insectes et parasites
 ils décident de changer de site.

Leurs têtes repliées vers le cou,
Leurs battements d’ailes par à-coups,
Freinent, accentuent leur vitesse
Troublant l’espace qu’ils agressent.

Ils n’ont fait que passer un instant
Chacun sur ses échasses emportant
De sa hauteur une inaudible rêverie
Telle une tique restée à l’écurie.

La tête sur l’oreiller, je compte les moutons
Tandis que les bœufs comptent sur les hérons …

18 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

 

 

 

 

 

Avant de regagner la bergerie …

moutons

Fin d’une journée, la lumière pâlit,
Il est temps de regagner la bergerie 
Pour ces moutons broutards à têtes noires
Avant que la nuit noire sur la baie
Déloge ce troupeau d’agneaux et agnelets.

Quelques nuages roses paressent
En l’attente des complies, d’une messe,
Isolant de la profonde détresse
Cette époque morose qui progresse.

Le Mont St Michel, au loin,
A retrouvé son royaume serein
Juste le temps d’une prière
Psalmodiée par les frères.

L’heure du bénédicité
Plane sur ce troupeau qui paît,
Broute les dernières moissons
Des prés-salés du Mont en dormition.

 

14 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine

 photo : Stephane.Levillayer Photographie sur Facebook

Le petit gaulois

petit gaulois

Le long des hampes de roseaux,
Au sein de petits groupes familiaux,
“Petit gaulois” vit à l’arrache,
Frétille de ses belles moustaches.

Le bruant des roseaux, co-locataire,
Partage avec lui les touffues roselières.
Envieux des belles moustaches du panure
De “Petit gaulois” il surnomme sa figure.

Notre panure à moustaches aussitôt
Se moque des tics nerveux de ce passereau
Dont la queue d’incessants mouvements
Dévoile, exhibe un excité panache blanc.

Ignorant cet envahissant matamore,
“Petit gaulois” de ses cris sonores
D’un vol bas, jongle avec les roseaux,
Rejoint une femelle au nid plus beau.

Après un régime granivore, la belle saison
Met ses belles moustaches en pâmoison.
Il descend, remonte, grimpe adroitement
Fidèle à ses roselières sa vie durant.

Discret, trahi par ses lores noires,
À l’origine de cette contrariante histoire,
Tout en gardant le contact, il vit caché
Parmi ces roseaux, amoureusement attachés.

 

14 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

 

Le Roi des pics

roi pic

Pendant ce temps le pic noir
Se prépare pour interpréter ce soir
L’opéra en trois actes “Le Roi des pics”
Composé par un certain Porquépic.

Ce soir la forêt de Sarre-Union
Est illuminée de quelques lampions.
Incliné, un énorme phasmoptère
Implore le Roi au jugement sévère.

Jugé pour avoir séduit sa dame de cœur,
Dans un stratège adapté pour un chœur,
Le Roi condamne le sphasme à revêtir
L’écorce du tronc prêt à l’ensevelir.

La dame dépêcha son valet de carreau,
Un avocat, un as réputé du barreau.
Mais le Roi, intransigeant, transperça à vif
La cervelle de ce sphasme-bâton oisif.

 Agitant ses brindilles en tous sens, agonisant
Le sphasme-écorce victime de ce prédateur résident
Mourut en parfaite homochromie
Trahi par le bâton du diable son pire ennemi.

Le pic noir selon des fantasmes légendaires
Coiffé de la passion de cet amour adultère
 Porterait le deuil de ce chéleutoptère.
Cet opéra est connu de la terre entière.

 

12 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

Le ballet de brume

balbrume

Sur ses pointes, immobile, mystérieuse, divine,
Troublante, envoûtante, attirante ballerine
Vêtue d’un fourreau damassé de plumes,
La danseuse étoile en ce “Ballet de brume”
Est le seul décor sorti des eaux, perle pure,
Telle la Vénus de Botticelli sans parjure.

La brume légère, comme son corps gracieux,
S’est dissipée pour accueillir sur ce marbre laiteux
Cette ange sculptée dans la nacre d’un coquillage
Dans l’onde discrète des beaux rivages
Du Pont des Tourradons aux lascifs zéphyrs
Afin qu’un regard y puisse jouir.

Sur cette onde troublée par les caresses
De cette échasse blanche enchanteresse,
Autre naissance, autre déesse, l’Art
A figé, éternisé en ce teint blafard
“La boudeuse”, soliste de ce “Ballet de brume”
Où pour fuir le bitume, nous accourûmes.

 

13 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

À la recherche de l’essentiel

essentiel

À la recherche de l’essentiel
Après avoir boudé le ciel,
Notre boudeuse d’un air dégoûté
Se met en quête d’un goûter.

Elle pique ça et là insectes et vers.
Au moindre petit pet de travers
Elle pinaille, fait la fine bouche
Jusqu’à ignorer les larves de mouches.

Cette Black-winged stilt himantopus
Se hérisse facilement comme un cactus.
Pour corser son tempérament elle aboie
Quand l’entourage lui casse les noix.

Chercher l’essentiel la rend irritable.
L’invisible se montre peu charitable !
Sa dimension cachée ne lui sourit pas.
Elle creuse, veut voir ce qui n’existe pas.

Cette ballerine philosophe cherche
Un indice, un signe, une perche
Pour y voir plus clair dans ses idées
Où l’essentiel lui éviterait de bouder.

 

11 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

 

 

La boudeuse

boudeuse

Quelle que soit la météo,
Aussi capricieuse qu’elle,
Elle boude même en solo
Repliée sous ses ailes.

À danser tant et tant
Sur ce ballet « La boudeuse »
Elle a de son ascendant
Gardé cette moue larmoyeuse.

Mais sur ce Pont de Tourradons
Elle boude même sa silhouette !
Sur la pointe de ses chaussons
Renfrognée elle fait la tête.

Elle aurait préféré, mais quoi donc
Cette échasse blanche sans dos à dos ?
Bouder un audacieux cupidon 
Déjà chagrine de ce fardeau ?

Que faudrait-il pour la contenter ?
Un boudoir pour décorer la scène ?
Du museau en salade servi à volonté
Ou danser « La boudeuse » sur la Seine ?

De toutes les œuvres d’Art exposées,
À nulle autre pareille, sa bouderie
Ne doit rechigner dans un placard.
Quitte à bouder que ce soit en galerie.

 

11 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

Dans la forêt

Sarre

Dans la forêt de Sarre-Union,
Pour égayer l’absence de lampions,
Les arbres dépouillés par un rude hiver
Accueillent avec joie ce woodpecker
Renommé pour ses concerts aériens forestiers
Qu’aucun garde-champêtre peut initier.

Après avoir accordé la justesse du haut-bois,
Il tambourine, martèle de son bec droit
Sa batterie d’une série de percussions
Dominée par les cris de son audition.
Aggripé aux caisses de résonance, en stentor,
Il redonne ambiance à ce bois mort.

Des nombreuses loges au poulailler,
Des chœurs d’oisillons à plein gosier
Accompagnent ce timide soliste téméraire,
Musicien familier des hêtres et conifères.
Sa langue bien pendue lui permet de jaser
Sur des vocalises transcendantes imposées.

Forêt de Sarre-Union, en cette journée de concert,
La forêt redevient enchantée grâce à ce pivert
Créateur d’une comédie musicale instrumentale
En ce chaos aux échos d’écoutes mondiales.
Il suffit d’un pic noir
 Pour sortir la forêt de son désespoir.

 

10 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photos : KLIBI Sabri Photographies  » Artiste Photographe Compositeur «  sur Facebook

 

 

 

Tu as vu la tienne ?

T'as vu

Hyène parmi les hyènes
De mes histoires anciennes
RISETTE et son air malicieux
Guinche vers quels cieux
Prometteurs et salutaires
Où la paix n’est plus en colère ?

Elle a été ma star et le demeure
Toujours là, conjurant le leurre,
Visant un objectif curieux
Tirant son portrait judicieux.
Juste une tendre ébauche
Pour cette habituée aux taloches.

« La tête au carré » elle connaît !
Testarde, ricanant sous leurs nez.
Pour ce qui est du carré, du désordre
Elle envoie l’ordre se faire mordre
Histoire de botter les fesses
À toutes ces parties de noblesse.

Un petit coup d’œil clignotant,
Fidèle à nos amours d’antan.
En ce monde qui va cahotant
Elle est là ma RISETTE m’aimant
Comme une aiguille à son aimant
Accrochéees jusqu’à la fin des temps.

 

6 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Gilles Dervillez sur Facebook

Les saules pleureurs

saules

Camouflés sous leurs pèlerines
Les saules pleureurs font grise mine.
Tantôt chevelus, tantôt déplumés,
Comme un rêve parti en fumée,
Ils redoutent la bruyante tronçonneuse.
 Mais l’homme à la main pourvoyeuse
A préféré les franges de strip-teaseuses
Exilées dans des forêts tapageuses

Ils posent, drapés de longs manteaux,
Après un été troqué contre un paletot.
L’automne humide et maladif,
Sous un pâle soleil intrusif,
Révèle, par leurs éplorées houppelandes,
Les regrets des heures gourmandes
D’un printemps gai et verdoyant
Aux doux frissonnements chatoyants.

Tantôt chevelus, aux mèches effilochées,
Ils frôlent la terre, heureux de l’approcher.
Tantôt dénudés par les débauchés hivers,
Un givre scintillant gaine leurs artères.
Les saules patients attendent le renouveau.
Perruqués ils balaieront de leurs plumeaux
Toutes les rigueurs évanouies sur le sol,
Parties se réchauffer dans le champ de tournesols.

 

4 Avril 2021 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
photo : Patrice DeCharleville sur facebook

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