“L’imaginaire social construit selon la même méthode peut
provoquer des merveilles autant que des tragédies.
Flotter dans un calme plat condamne à ne pas exister.
Une vie équilibrée serait fade, mais notre goût pour les évènements
extrêmes met un peu de piment dans notre existence engourdie.”
(Boris Cyrulnik – Ivres paradis, bonheurs heroïques)
Manège enchanté de contes fantastiques,
Meule d’un pressoir d’un empire onirique
De son toboggan l’imagination me projette,
Me propulse quelque part hors de la planète.
L’illusion, camouflée, passagère clandestine,
Profite, met un pied sur le parquet de ses combines.
Faussaire, elle négocie un sursis potentiel enclin
Suite à la plainte de la réalité en déclin.
Lèse-Majesté, du bout de sa lorgnette, elle est
Ce phare qui me sauve de quotidiennes banalités,
Une contrefaçon sophistiquée et idyllique
D’authentiques châteaux d’un pays mythique.
Export, import, son boomerang sans cesse
De voyages, selon mon humeur, sans bouger mes fesses,
Explose en prouesses de ses spots publicitaires
Mon grenier et mon moulin aux ailes imaginaires.
Tutrice de ma résilience, elle transcende la mortalité
Grâce à des héros, princesses et rois tous habités
D’une réalité impossible à la morose existence.
Elle est ce convoi sur la voie de la résistance.
Charpente sans identité, elle élève l’extase,
Affadie par des images gangrenées, sans emphase.
Une icône apparue dans la fournaise d’incendies
Cachée dans le dédale de chaires et d’inédits.
Collaboratrice, elle franchit les murs de mon esprit
Dont les chimères cauchemardesques font de leurs cris
Une émeute, un combat, une victoire sur scène
De refoulées pensées concassées, fautives, malsaines.
Ma folle du logis qu’astiquent des muses d’un monde
Où l’Autre, exilé, émigre d’un réel immonde,
Fantasmagorique concept délinquant de désirs
Fondateurs, loufoques, de mes enclos rêveurs.
Pilon d’un mortier pour des rimes en délire
Versées dans un goulot pour d’assoiffés vampires,
De ses tourbillons elle aspire, engouffre mes mots
Écrasés sous le poids du débit de leurs idéaux.
Niche sensorielle de relais culturels épanouis,
Sans substitut, faute de rencontres évanouies,
Représentation fictive, proche ou lointaine, le voyage,
À mon insu, gouverne d’emphatiques et diaboliques images.
Sans parler de son clocher aux cloches enjôleuses
Qui m’étourdissent de leurs vibrations furieuses
Quand ivre de paradis mon âme est retenue prisonnière.
Vient alors le temps de la prière …
Vieille bourgeoise empotée, tombée dans une grotte
Sauvée par vous de mes pestilentielles crottes …
Gloire à vous pour vos actions de grâce à mon égard
En maintenant de vos souffles en poupe mon étendard.
24 Août 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Gil Strec sur Facebook