Deux nonnettes avisées
«Ils ont enfin pris conscience
De la nécessité et de l’importance
De la gravité de ce virus envahissant,
Tout juste connu, tout puissant,
Qui continue à tire larigot
De dispatcher ses postillons sans embargo.»
«Tu crois que leur conscience humaine
Au bout de ces quelques interminables semaines,
Se soumettra aux lois de la nature
Jusqu’à obséder chaque cas de figure ?
Cette immobilité d’angoisses et de craintes
Atténuera-t-elle l’égoisme de leurs empreintes ?»
«J12 … De cette passivité prolongée,
Sauf sur le boulevard des Allongés,
Peut-être qu’en voyant le monde à l’envers
Ces bougres verront mieux leurs travers ?»
«Ma louloute, j’ai peu d’espoir en ce bas monde.
Après cette agonie de quelques jours et secondes,
Le présent de leur mémoire, sur ce laps de temps,
Les fera gambader au bonheur du printemps.
Prisonniers de guerre sans uniforme, robotisés,
Ils s’évaderont vers leurs idéologies à réaliser
Dans l’euphorie de la victoire, libérés,
Vides, cahotiques, sevrés sous leur béret.
Toutes ces bavardes pies de mondes intimes
Iront, déprimées, à la chasse aux centimes.
Après avoir gagné la guerre, ces survivants vulnérables,
De cette période d’isolement, déclencheront un mémorable
Sentiment de compensations pour d’autres projets
À l’opposé de leurs désirs d’une vie plus rangée.
Après ces jours d’attache de substituts affectifs
Dans le besoin, isolés, ensemble sur leur esquif,
De contraintes répétées, de frustrations quotidiennes,
La dépression suivra ces soldats d’une guerre ancienne.
Le cerveau asséché, plus stimulé, la mémoire s’éteint !
La résilience sera difficile sans fond de teint.»
«Dites donc pour des mangoustes naines cette vision !
Quels excréments votre vocal gazouillement de dérisions !
Ça m’apprendra en micro caché d’écouter en cachette
Ce que peuvent bien penser des mangoustes nonnettes.
Je constate que leurs terriers sont plus organisés que chez nous.
Au sommet de leurs tanières leurs mâles alpha supérieurs
Scrutent de leurs termitières les dangers annonciateurs.
Leurs groupes organisés, hiérarchisés se divisent
Pour des tâches d’une commune entreprise …
Que rajouter à leur pessimisme si ce n’est
Que ce coronavirus nous fait un vilain pied de nez.
Radio Chatnine secouée par ces annonces
En espérant que ces mangoustes resteront sans réponses …»
28 Mars 2020 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Veronique Morel sur Facebook
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