Archive pour mars, 2020

Dis-moi le vent …

le vent

Premiers prémices d’une tempête.
Le vent anime, vides de leur squelette,
Mes pantalons de pyjamas étendus,
Inquiets de son effrayant compte-rendu.

Quelques sifflements me parviennent,
Me rappellent le claquement des persiennes,
Leur va et vient heurtant sèchement la façade
Dont le crépi se remit mal de ces sérénades.

Graffias, excité par ce père fouettard,
Saute, rebondit sur des étincelles de pétards.
Les goélands profitent des courants, planent.
S’ils pouvaient nous alerter du vilain pyromane …

Roucoulades des pigeons sur un proche balcon.
J’aurais préféré voir nicher des faucons
Ou des aigles, des pygargues, voire des vautours
Pour éveiller l’attention des passives tours.

Un week-end de Février à parlementer
Avec l’auditoire de mon château hanté,
Aéré par les bourrasques de l’inspiration
Venues du monde mystérieux de la Création.

Partir d’une idée qui germe subito-presto-extra,
Sans savoir où me conduira cette volubile maestra.
C’est là le sublime d’une magie qui me dépasse,
L’envers d’un décor ivre, grisé par l’audace.

Tant d’êtres aimés m’ont quittée en chemin,
Poursuivant chacun les méandres de leur destin.
Ils m’ont comblée pour ne laisser qu’un vide.
Amèr abandon m’amenant à un puits morbide.

Le vent reconnaissant essuiera mes larmes,
Me distraira avec Guignol et son bâton de gendarme,
Soufflera très fort à ces acteurs malentendants
Qu’il souffre aussi de ces faux prétendants.

Et de soupirs intempestifs, comme un affreux violeur,
Il détruira tout ce que ce monde sans valeur
Croyait posséder en détournant les règles et lois.
Il réduira en poudre ces chasseurs de la St Éloi.

Partie des prémices d’une tempête,
Je me retrouve, vagabonde silhouette,
Face aux avaries perpétuelles d’un marionnettiste
Jouant avec les ficelles d’une prétendue artiste.

Est-ce le vent, est-ce la pluie,
Est-ce l’amour qui crève d’ennui,
Est-ce vous, est-ce toi, pour qui, pourquoi,
Dis-moi le vent, dis-moi …

 

Un jour venté de février 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Amandio Antunes photographie sur Facebook

 

 

 

Un dimanche de larmes

bourgin

Le Saint Père le Pape François a déclaré lors de la messe
en la chapelle Ste Marthe que ce dimanche 29 Mars 2020
serait le Dimanche des larmes.

Hommage à tous les défunts victimes du COVID-19
aux familles qui pleurent un difficile deuil. 

Un dimanche de larmes
D’une guerre dont l’arme
Pleure sur un air d’adagio
Un méchant viral sanglot
Triste à en mourir.
Tant d’êtres vont partir,
En ce treizième jour,
Vers ce Dieu d’amour.

Dernier pèlerinage
Pour ces gens du voyage.
Le diable à la baguette
D’une épidémie nous fouette
Sans le secours de la grâce
Accordée à nos cœurs de glace
Pour rester encore vivant
En ce beau dimanche de printemps.

Un dimanche de crève
Pour ces défunts s’achève.
Anges et démons
S’affrontent au front
D’un combat pour la vie
Que nous Dieu nous ravit.
Bénis ces corps Seigneur
Sur ces champs d’honneurs.

Un dimanche de larmes
Où les frères d’armes
Bousculent un rancard
De gisants sur des brancards
Dont le souffle respiratoire,
Dans les éprouvettes de laboratoires,
S’est réfugié avant que ne s’achève
Leur dernier souffle d’un rêve.

 Dimanche 29 Mars 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Gilles Bourgin sur Facebook

Le septière jour …

rien

«Où a bien pu aller Pistrouille chère sœur ?
Je suis très inquiet … face à tous ces malheurs … »
«Ne t’inquiète pas Julio, il doit être caché …
Peureux comme il est, avec ce virus, il a dû flancher.»
«Oh que cela me rend triste ce virus qui les contamine.»
«Tiens n’est-ce pas l’heure de capter Radio Chatnine ?»
«Pas la moindre voiturette d’un vaillant postillon …
Juste des nuages de poussière dessinant des tourbillons.
Et Chatnine … je suis inquiet aussi pour elle …
C’est que je suis attaché moi à cette épistolaire femelle.»
«T’en fais pas, tu sais qu’elle a Jésus pour compagnon …
Il ne la laissera pas sans un petit quignon …»
«Plus on avance, plus la peur s’installe on dirait …
C’est bien le moment de chanter : Ah laissez-moi respirer !»
«Bien ! je vois je vois que tu as retrouvé ton humour décapant.»
«Gémir, viendra bien assez vite, tambour-battant …
Non mais tu imagines ? Tu les vois réincarnés en animal ?»
«Faut reconnaître que leur comportement c’est pas génial …»
«Cette frousse du manque jusqu’au papier toilette, je me marre
Je les vois à notre place … partiraient encore plus vite du cigare …»
«Tu y crois toi à leur histoire de réincarnation ?»
«Ma foi Mousse … c’est le trou noir … pas de connexion …
Ça y est ! J’entends Chatnine qui bat ses œufs en omelette !
Hihi ses chats la dernière fois la lui ont mangé à la volette !
Non ? Tous ces morts en une seule journée ? Boudiou …
Même en un jour les crocodiles ne tuent pas autant de gnous …
Quoi les souris ? Elles dansent ? Un vaccin ? Quelle chance !
Alors nous allons bientôt revoir tous nos chers amis ?
Quoi ? Jusqu’en Mai ou plus ? Au diable ce virus ennemi !
Chatnine me dit qu’elle ne se sent jamais seule …
Que le vent là-bas a déchaîné sa grande gueule
À cause qu’il ne peut plus bousculer les passants …
Et nous qui assistons à distance à tout cela, impuissants …»
«Julio, tu ne vas pas retomber dans la noirceur !»
«Heureusement que tu es là petite sœur …
Pardonne-moi, peut-être un reste de réincarnation …
Après tout, chacun croit en ses propres opinions.»
«Si nous allions à la recherche de l’ami Pistrouille ?»
«Oui tiens organisons un jeu de piste pour andouilles !
Désolé Chatnine, mais aujourd’hui ça ne va pas plaire
On n’a à t’offrir que cette photo laissé par un locataire.
C’est pour cela que nous t’aimons chère épistolaire,
Tous ensemble … mais chacun son étoile solaire ! »
«Ah ??? Julio, le soleil aurait-il un jumeau ?»
«Hihihi … feu ! j’ai cas… ou si tu préfères …bêêê … ah !… Oh !»
«Arrête Julio c’est pas le moment de rire …»
«Sœurette tu as raison ! La liberté pour un an pire !»
«Tu sais que toute vérité n’est pas bonne à dire …»
«Ouais … comme dit Pilate : Qu’est-ce que la vérité ?
Tê je vais aller déguster le reste de ma pâtée …
Y a plus que des parasites sur radio Chatnine …
On a dû lui couper le sifflet depuis sa cuisine.»

 

23 Mars 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine

 

 

La boucle est bouclée

Pistrouille

«Pistrouille ! Nous te cherchons depuis des plombes !
Nous sommes en suées sous ce soleil qui plombe.
Mais qu’est-ce que tu fous aggripé à ce tronc ?»
«Je m’accroche … je m’accroche … j’ai les jetons.
Moi, je veux pas mourir, je veux sauver ma bosse.»
«Et pourquoi pas un masque en fil d’Ecosse !»
«Ah ouais ! Contre les mouches ça nous éviterait
Que ces dévergondées goulues nous lèchent le portrait !
Tantôt sur la merde, tantôt sur nos visages …»
«Tu as ta queue pour essuie-glace, tes pattes pour l’essuyage.»
«Ouais mais c’est en permanence, même avec la pluie
Ces garces se réfugient dans le moindre pli …»
«Tu étais en train de monter ou de descendre ?»
«Je réfléchissais, essayais de comprendre
Pourquoi grimper nous donne des ailes …
À part pour y planquer quelque corps de gazelle.»
«Holà ! D’où te vient ce rayon d’étincelles ?»
«Tu crois qu’il n’y a que toi qui réfléchit ? Trouduc !
Avec tes airs d’érudit, de binocleux Grand Duc.
Navré vous deux de vous en boucher un coin !
Ma paille en a marre de vos bottes de foin.»
«Pistrouille, quelle mouche t’a donc piqué ?
C’est ainsi que tu nous accueilles ? À chiquer ?!
Pour une histoire de grimpette qui à priori
A laissé tes méninges accrochées au pilori !»
«Donne de l’avoine à un âne et voilà le tsoin-tsoin !»
«Âne bâté toi-même !» «Vous n’y comprenez rien !
Grimper … c’est se libérer des vils prédateurs …
Quand je grimpe, je m’évade de la pesanteur.»
«Pfff ! Pour te retrouver entre les murs d’une prison ?»
«La prison, c’est ton hermétique vision …»
Mousse, muette d’admiration se voit au sommet hissée
Confinée avec Pistrouille, ravi de son exploit harissé.
Mais à la première paroi, bloquée sur une corniche
Pistrouille se moquant : «Tu vois que t’es pas chiche !»
Et sans aucun scrupule la laisse plantée là sur sa niche.
«Ouais Grimper ! Une liberté possible … sans prendre du recul,
Je me suis retrouvée coincée  … quel faux cul !»
«Holà ! Mousse redescend sur terre ! Chatnine est en ligne !
Plein de vieux de son âge partent en première ligne …
« Quelque chose vient de tomber sur les lames de mon plancher … »
Mais non Chatnine c’est ce couillotti de Pistrouille harnaché
Qui vient de laisser tomber sa réserve de steaks fâchés.»
«Ah …un bon steak … vous en avez de la veine mes p’tits chéris !
Ici à la pandémie s’ajoutent toutes sortes de pets nourris.
Vivre le présent n’a jamais été autant d’actualité !
Ordres, contre-ordres laissent à désirer, les pénalités
Pleuvent sur ces cobayes qui se ruent vers la chloroquine …
Quelle patinoire bordélique … ça patine, ça patine …»
«Nous te faisons de gros bisous ! Tiens bon la barre !
Grimpe avec nous quand tu as le tintamarre.
Rappelle-toi qu’en cas de grand naufrage
On ne se souciera pas de ton âge  ! 
Tu applaudis le soir derrière ta fenêtre ?»
«Merci pour le message ! À demain peut-être ?
Je vais partir en Corée ou en Chine …
Fastoch avec radio Chatnine ! …»

 

24 Mars 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Lise Perreault sur Facebook

 

 

 

Quatuor pour une tchatche

une île

«WOW !! Vous avez vu cette hyène Fluffy !!?»
«Moi, je préfère rester dans le flou … Mèfi ! »
«Aucune crainte mes p’tits loups qu’elle rapplique ici !»
«Quelle estocafitche ! Où va-t-elle affublée ainsi ?»
«Elle sort d’un interview et va chez son tiffeur …
C’est un de ses cousins surnommé “Le Renifleur …”»
«Ah bon Julio ! Et comment tu sais ça ? Fatche de !»
«Parce que côté sexe … il est entre les deux …»
«Les deux ?» «Les deux quoi ?» «Les deux à la fois …
C’est à se casser le nez à distance pour savoir …
Même maman on dirait qu’elle voudrait bien l’apercevoir»
«Mais pour voir quoi ?» «Si c’est un mâle ou une femelle»
«Ben dis donc, là tu m’en apprends une bien belle !
Mais où l’a t-elle caché ? » «Moi c’est sûr je vois rien …»
«Parce ce qu’il est érectile ! …»«J’y comprends rien …»
«C’est ça, reste dans ton nuage, contente toi de faire le guet.»
«Ça alors ! Mère aussi a l’air d’être bien intriguée …
C’est pas une hyène ordinaire … et pas appétissante …»
«Tu as raison Mousse…  juste une momie évanescente …»
«Oui … une relique de hyène pour des autopsies …»
«Jamais vu moi de telles autos roder par ici … ?»
«Je savais que les psy avaient un langage à part …
Mais en quoi la hyène Fluffy intéresse-t-elle leur side-car ?»
«Ce Pistrouille … Hé descend de ton nuage, trouillard !»
«Ça y est ! Elle a disparu ! Je sors de mon brouillard ?
J’ai peur que ce soit une feinte de sa part Julio …»
«Du coup on a manqué… pétard ! Chatnine à la radio.»
«Ben moi, ça m’en a bouché un coin … réfractile …»
«Pour changer un peu, j’irai bien sur une île …»
«Et qu’y ferais-tu ? Tu en as pas assez avec nos crocodiles ?»
«Quel rabat-joie Julio … tu es… tu es un imbécile …
Tout ça pour un clotoris qui déborde d’imagination,
Pour un riquiqui pénis de mâle sans ovulation …»
«OOhh Mousse, tu prends la défense de Pistrouille maintenant ?»
«Simplement je deviens hermaphrodite quand il y a débat …»
«Ah ! Merci Mousse ! Répète pour voir ? Hermaphrobit ? …»
«Ah ! Hihi ! J’en ai des contractions… Her ma frau bit …»
«En mesure Mousse ! Tu es la reine de l’information !»
«À propos du Covid-19 avons-nous des nouvelles ?»
«Mère c’est la faute à Julio il nous a, à cause de cette vermicelle,
Privés de Radio Chatnine et sa tchatche épistolaire …
Paraît qu’il y a des couvre-feux …» «et allez ! Encore des incendiaires !»
«J’ai hâte d’être à demain d’écouter notre informatrice …»
«Histoire de nous élargir nos orifices, ah hihi !»«Pfff quel sac à malice !»

 

 

21 Mars 2020 – Jeannine Castel 

Les poèmes de Chatnine
Photo : Yaron Schmid sur Facebook

 

 

 

Gonflée à bloc …

Fluffy

Merci à Radio Chatnine et son audacieux partage
pour faire savoir au monde mon état de rage dans l’adversité
et les drames de vos Cités.

«Héroïne ! … j’en suis toute hérissée !
En dépit des interdits, des fils de fer barbelés,
Y en a, sans gêne, ici bas qui vont encore pisser
Pour ensuite m’applaudir, encore me bisser d’holé
En ce dramatique convoi de maccabées impliqués.
Marre de ces trombines tombées des nues !
Voyez dans quel état vous et votre pays emmasqué
Me mettez, en dépit de quelques chaleureux saluts !
Héroïne … facile à dire en restant planqués !
Hyène équarrisseuse, ce culot de venir me chercher
Quand il n’y a plus personne chez vous, pour ensevelir
Vos morts entassés, faute de croque-morts branchés,
Pour une dernière risette à leur dernier soupir.
Ce toupet… me faire intervenir dans votre cinéma intérieur,
Dans l’urgence, la pagaille, sans mentaliser la survie
Pour feinter, foi de hyène, une mort ! Vos esprits supérieurs
Ne manquent pas de sensations et d’actions sans préavis !
Vous n’avez qu’à ricaner faute de modèles exemplaires,
Alterner la vie retrouvée et la mort imminente.
Au lieu de blablatiser, révisez vos bréviaires ! !
Moi je vais, de ce pas, m’offrir une permanente.
C’est pas pour un isolement de quelques jours,
Alors que je suis isolée de vos semblants émois,
Que je vais m’apitoyer sur une bande de vautours.
Rentabilisation, inaffectivité, sang froid, et MOI
Suffiront à vous rendre les olus forts … d’ailleurs
Votre héroïne en a assez de vos combines. 
Vous connaissez tout cela par cœur.
Restez chez vous, écoutez radio chatnine
Et laissez aux braves âmes, bande de filous,
L’espoir, pour vous sauver, de croire encore en vous.
19 h ! Les lions sont lâchés !
Je dois vite me dépêcher sans me faire lincher.
Je rends l’antenne, fin de cet interview
Merci Radio chatnine, aux prochaines news.»

 

21 Mars 2020 – Jeannine Castel

 Les poèmes de Chatnine 

 

 

Radio Chatnine

radio

«Ça va durer combien de jours mamie ?»
«Mmmgrrrr … dors, allonge-toi sur le tatami …»
«Pfff ! N’importe quoi ! Elle débloque à fond !
À peine trois jours et déjà je me morfonds …»
«Grrr silence les mômes, arrêtez de vous lamenter !»
«Moi j’ai le moral qui commence à fermenter …»
«Tu n’as qu’à t’occuper l’esprit crétin ! …»
«Et toi de faire ton petit malin, gros popotin !
Si tu crois que je te vois pas derrière mon dos …
Toujours à te coller … » «Pas ma faute si ce radeau
Est trop petit en attendant la vague déferlante
Qui nous ramènera toutes ces sirènes pimpantes.»
«Chut … tu entends frérot ? » «Non Julio … c’est quoi ?»
«Ce sont des nouvelles des amis Quiquanquois …»
«J’entends rien … » «Débouche-toi les oreilles ! …»
«J’entends mamie qui ronfle et le bourdonnement d’une abeille»
«Je te dis que j’entends la voix de Chatnine …»
«Tu débloques … T’es en manque de tétines …
Et alors que dit-elle ?» «C’est pas folichon …
Ils se battent pour une saucisse de Fleury michon …
Elle dit qu’ils cartonnent avec le sans-contact … »
«Misérables ! Quel manque de tact !»
«Tiens … si nous allions à notre tour en safari ? …»
«Vas-y tout seul ! Moi j’ai pas envie … pour quelques souris …
Me choper leur sale virus codé flambant neuf …»
«Si nous pouvions retourner en l’an 2019 …»
«Attraper une pneumomie …» «C’est comment ?»
«C’est quand une roue de leur engin te réduit en momie.»
«Mais non ! Bande de nazes ! On dit une pneumonie ! …
C’est quand un télex sans un mot refuse le message.»
«Enfin message ou pas, des jours et des nuits …
Ça va être d’un mortel ennui …
Allo ? Chatnine ? Dis leur qu’on les attend !
Ah !!! Voilà maman qui revient avec un gros remontant …
À bientôt ! … C’est chouette la radio …»

19 Mars 2020 – Jeannine Castel

 Les poèmes de Chatnine

Photo : Nathalie Vidal Terrier  sur Facebook

Niche affective

isasca

«Tiens … comment se fait-il maman ….
Aucun tam-tam à roulettes à l’horizon …»
«Ouais, c’est bizarre … aucune silhouette de superman …
Seraient-ils tous confinés, appelés en garnison ?»
«J’avais ce jour le look d’une actrice … c’est raté …»
«Ouais, c’est louche … quel virus les a tâtés ?
Nous mettre en quarantaine, c’est scandaleux !
Sans aucun témoin … d’un accueil chaleureux
Pourtant nous faisions tout notre possible
Pour fructifier leurs boitiers et fusibles …»
«C’est à n’y rien comprendre ce subit abandon …»
«Ouais … c’est raide cette couche d’amidon
Qui nous libère de la rigueur, la crainte …»
«Alors maman, nous ne sommes plus d’astreinte ?»
«Hélas ma fille il y a toujours les braconniers …»
«J’ai peur maman … mais y a toujours les saisonniers ?»
«Notre espoir en ces courageux et dévoués pionniers.
Quand le chat n’est pas là, les souris dansent !
Pauvres cigales affligées sous les repentances …»
«Tu crois maman que bientôt on les reverra ?»
«Comme il se dit fifille … qui vivra, vera …»
«Et bien, si c’est comme sœur Anne, c’est pas demain !»
«Ouais … reste qu’à implorer leurs sacro-Saints
Ou la mère Michel ou le Petit Poucet …
Afin que leurs postillons, ici, soient repoussés.
Je crains qu’il soit trop tard car la transhumance
Ne laisse pas sur le carreau que des gnous sans importance …
En cette traversée isolée d’un chemin de vie …
Je crains que les privations engraissent les envies …»
«Arrête maman ! Tu me files la trouille !»
«C’est ainsi ma fille, l’adversité fait exploser les citrouilles.
Comment contrôler tout ce qui nous dépasse ? …
Sans parler de ce qui mijote sous la fonte des glaces …»
«Maman arrête ! Tu es un oiseau de mauvais augure !
Si nous parlions du temps où le moteur des voitures … »

 

18 Mars 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine

La châtelaine

chatelaine

Une vilaine marâtre,
Froide comme cet âtre,
Va marier sa fille
Au pirate Estampille,
Éléphant à la trompe
Tronquée par un psychopompe.

Face à son miroir,
La fille en ce manoir,
Dans sa robe de mariée
Attend ce promis flibustier
Sous l’œil attentif
D’Estampille sur son esquif.

Depuis ce bal d’un soir,
Escortée de fols espoirs,
 Sa robe de fines dentelles,
Brodée par des hirondelles,
Nouée d’un ruban ajouré
Souligne sa taille énamourée.

Devant ce haut fourneau,
Épargnée par le Docteur No,
James Bond en personne
Aurait aimé cette mignonne,
Fasciné par cette châtelaine
Au bal du « Bas de laine ».

Mais prisonnier d’Estampille,
Il assiste, derrière les grilles,
À ce mariage cousu de fil blanc
De sa belle se contemplant
Dans ce palais habité par le rêve
Pour que l’amour ne s’achève.

 

12 Mars 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Gil Strec sur Facebook

 

Aquarium

confin

Des êtres confinés,
Sous la menace condamnés,
Par un coronavirus communicatif,
Goutte à goutte expansif,
Qui fait claquer les mandibules
Jusqu’aux tic-tac des pendules.

J’aurais espéré à mon réveil
Trouver mon quartier en sommeil.
Mais le trafic des voitures,
Les passants, dont la figure
Ne cache aucun scrupule,
Sur les trottoirs déambulent.

À quelques jours du printemps,
De ses sourires fleuris éclatants,
Nous avons le droit d’applaudir,
En héros du jardin du souvenir,
Les âmes courageuses d’un face à face
Sous les armures d’une année dégeulasse.

Qu’ont-elles ce matin les tourterelles
À roucouler ? Ce confinement, chez elles,
Aurait-il des désirs printaniers 
Pour tuer le temps hors des paniers ?
Il est vrai que Pâques approche … 
Quel carême sainte Pétoche !

Un chien aboie, la caravane passe
La fumée monte droite vers l’espace.
Les mille traces de vols aériens
Lui laissent l’usufruit de ses biens.
Le jardin des plus chanceux
Jamais n’aura été plus heureux.

Les balcons des cités même bourgeoises
D’un jardin intérieur arrosé de cervoise
Ou d’autres boissons aux cimes accumulées
Font braire de sages et pauvres mulets
Habitués ou non à la vie sédentaire,
Aux libertés pour le bien communautaire.

Ma vieillesse à l’affiche du jour
De solitude et de lointains bonjours
N’a sur moi et ce qui me sera offert,
De l’orchestre, en ce mémorable concert,
Ou de la poulaille couvant ses œufs
Un sauve qui peut loin d’être fameux.

« C’est la guerre » le temps des privations
Fait remonter la force des générations
De mes défunts ancêtres qui ont affronté
Les affres de notre belle humanité.
Les bombes sont devenues des gouttelettes
Alors pourquoi pleurnicher ma p’tite minette !

 

18 Mars 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine

 

 

 

 

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