Archive pour janvier, 2020

Coup de vent

vent

Qu’a-t-il le vent à souffler ainsi ?
Vient-il dissiper mes ennuyeux soucis ?
Il s’engouffre dans les moindre recoins.
Ses folles bourrasques bruyantes au besoin
Emportent avec elles dans des tourbillons
Quelques retardataires péchés mignons.
Il s’agite, bouscule mes pensées dérangées
Par ce tintamarre de bruits sourds étrangers,
M’envahit de frissons de la tête aux pieds.
Je me recroqueville, fœtus sans collier.
La nuit, mon amie, tandis que tout dort,
À part ce grand filou monté sur des ressorts,
Sur les ailes du temps d’un mardi noir prometteur
Ne bat pas en retraite son embonpoint noceur.
Je vais devoir regagner ma couche
Frigorifiée par le souffle de sa bouche.
J’aime la nuit et ses rêves les plus fous.
Une nuit à Toulon, une autre à Corfou,
Poussée par les rafales de mistralade,
Effrayée par la puissance de ses sérénades.
Au bras de ce fougueux vantard de prouesses,
Harponnée par ses vives pointes de vitesse,
Sous ma couette épaisse qui m’attend
Je vais oublier les cris de ce garnement,
M’isoler de ce souffleur mécontent
Qui a tant à conter depuis la nuit des temps.

10 Décembre 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Antonio Gaudencio sur Facebook

https://youtu.be/L00HdS6g2xs

 

 

 

La robe aux coquelicots

honfleur

En ce vieux port de Honfleur,
Au loin, votre jolie robe à fleurs
Égayait ce jour de Novembre,
Aujourd’hui Monet, dans ma chambre,
D’une ravissante floraison de coquelicots
Me rappelle nos anciens bécots.

Mes mains plus empressées que le temps,
Dépitées de voir défiler les printemps,
N’en pouvaient plus d’attendre
Vos chastes fleurs, funestes cendres,
De mon amour qui s’étiolait par chasteté
Comme un jardin d’hiver vide, dévasté.

Quelques boutons prêts à s’épanouir,
Désespérés de ne pouvoir jamais fleurir,
Mécontents du motif, hochaient de la tête.
Je revois votre décolleté à la gorge secrète.
Mes désirs, frustrés de jour en jour,
Ont fini fini en décor sur le vitrail de ma cour.

Ce jardin d’hiver, loin de Honfleur,
A gardé les vestiges de votre robe à fleurs
Fânées, restées intactes pour Monet.
Ses mains sous la passion ont déssiné
Ces coquelicots qui vous seyaient à ravir,
Dont je n’ai pu cueillir que de rouges soupirs.

Honfleur à présent est si loin !
Votre robe à fleurs sent le foin.
L’été, comme moi, en cette sècheresse
A trouvé l’ivresse des caresses
D’une jolie fleur de coquelicot épanouie.
Depuis mon cœur aimé s’en réjouit.

 

10 Janvier 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Normandie Tourisme sur Facebook

Publié dans:Littérature et Poésie |on 30 janvier, 2020 |Pas de commentaires »

Mise à nu

bidons

Assis, le cul sur sa charette
Ce penseur pour devinettes
Entouré de bidons et de boîtes
Intriguent les baboîtes.

Une pause café singulière
Pour un musclé derrière
D’un revenant très sollicité
Pour d’alléchantes félicités.

Mais voici que le froid
Envahit « Juste moi »
Réfugié sous les combles
À l’abri des salles combles.

Toute la quincaillerie s’est volatilisée
Après tant d’auditions anisées.
Cerise sur le gâteau …
Se serait-il pris un râteau ?

Le sombre de la petite histoire
Refroidi, dénudé par ma poire,
Je lui offre en lot de consolation
La UNE de mes inspirations.

Assis le cul sur sa charrette
Ce penseur boude, fait la tête.
Toute ceci à cause d’un tango
Que j’ai dansé avec un hidalgo.

 

combles

8 Janvier 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Gil Strec sur Facebook

 

L’arbre

arbre

L’arbre de la connaissance
Depuis de nombreuses années
Pensait mener la danse
De tous ces pauvres condamnés.

Au seuil de l’année nouvelle,
Noirci d’illusions acclamées,
Il cherche une étincelle
Mais le lac reste embrumé.

En vain, il persiste, questionne,
Des interrogations fusionnent.
Son esprit curieux le talonne
Alors que des prémonitions tourbillonnent.

En ce jardin d’un Eden opaque
Il redoute les futures claques
De ce collant péché originel
Réchauffé par l’inquiétant dégel.

Épanché, prêt à la confidence,
D’espoirs il tente encore sa chance
Mais le ciel boude désespéremment
Et ne reflète aucun sentiment.

2020, d’eux mit le vin
Dans une bombonne du divin
Dont la lie de dépôts et consignes
A donné une vinasse en ligne.

Il ne reste plus que cet arbre dépouillé
Dont les fruits, dans des conteneurs rouillés,
D’un jus amer pour des lendemains acides
Nous parlent d’une beauté sans rides.

 

1 Janvier 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Patrice DeCharleville sur Facebook

 

 

 

Bonne année !

Il y aurait tant d’image
À illustrer cette page.
Je préfère ce coin de ma Provence
Pour ces peu réjouissantes confidences.

bonne année

Entre les flammes
Et les inondations
L’enfer de la Création
Se proclame.

S’expatrier sur la lune
Qu’y ferions-nous ?
À part jouer du biniou …
Sans récolter fortune ?

Ce monde tout puissant
Aux dieux phosphorescents
Est devenu impuissant
Face aux buissons incandescents.

Depuis cet Eden bafoué
Combien de coups de fouets
Avons nous flagellé, cruels,
Cette planète de Pantagruel ?

Des « c’est ainsi », « comme si »
D’un glas dont le souci
Voudrait se porter mieux
Face à une foule d’envieux.

J’assiste vivante à cette décadence,
De quelques vers sans importance
Mon âme saigne, refoule cette vision
D’une planète brûlant ses illusions.

Une année nouvelle enflammée
D’un réchauffement, désarmée
Par une impossible rétrocession
Sous la créance d’abominations.

Le peu que j’ose en dire me sauve
Car vous voir sourire dans la guimauve
Dédramatise ma vision d’horreurs
Que l’âge m’épargnera de sa hauteur.

Des lendemains plus noirs
Que le noir du désespoir
En dépit du bon vouloir
De mon deuil face à ce miroir.

Toute une vie de privations
Pour un monde se goinfrant de fiction
Continuez-donc, j’ai mon âme en paix.
Certes peu folichonnes sont mes chaloupées.

6 Janvier 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Guelor Mackurtis sur Facebook                                                                                                                                                                                                                                                                                           

La robe du dimanche

eliane

 https://youtu.be/VNtXRM7GGls

24 Janvier 2020

Un ours, un soir …

un ours

Un ours, un soir
Agitait ce miroir
Troublé par la présence
D’un ours de ressemblance.

Intrigué, d’éclaboussures
Il griffait cette figure
Aux rides de nacre,
Esquivant un massacre.

Le miroir avait beau distraire
Ce glouton mercenaire,
De ses sons de harpe
Ne distrayait pas ses métacarpes.

Les eaux verdâtres de peur
De quelques glaçons trompeurs
Camouflaient les saumonettes
À cet ours amaigri de disette.

Un ours, un soir,
Contemplait ce miroir
Aux reflets dansants
De saumons appétissants.

Aucune fable pour ce tableau.
Juste le bruissement des eaux
Et cet ours dans la lumière
D’une beauté éphémère.

7 Janvier 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Jacques Montanari sur Facebook

Marais poitevin

marais

à Patrice Decharleville

J’aime me perdre dans vos regards …
Errer, m’abandonner au hasard
Dans les méandres et solitaires coins
D’une poésie dont vous avez grand soin.

De sous-bois en étangs et rivières
J’aime le calme de vos clairières
En cette fin d’année singulière,
Heureuse de ces douces lumières.

Mon âme flotte, dégrisée de charnelles pensées,
Prisonnière de ces longs mois, récompensée
D’une croisière partagée avec ces mots
Qui me portent et me bercent de leurs flots.

Pas un souffle, aucun bruit n’agite
Ce paysage qui met l’intrus en fuite et gite,
Sous la houlette d’une fée fantasque,
Me submergeant et m’isolant des bourrasques.

La brume camoufle les secrètes inspirations.
Quelques notes échappées d’une partition
Charment ce lit occupé par les frivolités
De rêveries si chères à mon corps alité.

Hélas le quotidien ennuyeux tambourine.
Mon âme s’inquiète d’une redoutée famine.
Sur ses ors la nature s’endort, scintille
En attente qu’une âme de nouveau gambille.

J’aime me perdre dans ces regards diaphanes
Dans ce flou laiteux aux mystérieuses arcanes
D’un Marais Poitevin de mon imaginaire
Nu et dépouillé comme ce tronc luminaire.

 

31 Décembre 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Patrice DeCharleville sur Facebook

 

Les gondoliers

Venise

Voir Venise sans ses couleurs
Gondoles et bateaux à moteur
S’inquiètent de la pâleur
De cette cité vénitienne de cœur.

La voir ainsi en blanc et noir,
Les gondoliers broient du noir
Comment remédier à ce malaise
En plein mois d’août et sa fournaise?

Quelques sucres d’orge alarmés
Sont venus sonder ses eaux pour s’informer,
Chercher les raisons de sa blancheur,
De cette subite vague de fraîcheur.

Le Grand Canal lui-même abasourdi,
Est devenu, à sa vue, tout engourdi.
Est-ce un caprice de l’astre solaire ?
Les palais, de slogans, crient leur colère.

Seule, l’eau a gardé quelques reflets.
D’une écume superficielle, époustouflée.
Elle assiste, impuissante, à la disparition
De son miroir, objet de tant d’admirations.

Par dessus les toits, les tuiles révélèrent
Que Venise et sa beauté légendaire
Avait voulu simplement changer de chemise,
Se libérer d’un corset trop serré, couleur cerise.

C’est ainsi que les gondoliers au garde-à-vous
Attendent de revoir sur ses joues
Les couleurs de ses pommettes vénitiennes
Dont on entend claquer les bises par les persiennes.

Venise en noir et blanc aurait perdu conquise
Sur un damier sa dernier chemise. 
Laissons les potins aux marquises à la taille fine
Et leurs visages poudrés d’une pâleur angevine.

13 Décembre 2019 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Amandio Antunes photographie sur Facebook

 

 

Time …

time

Ainsi défilent les semaines
En haleine, en haleine.
Ainsi passent les jours
De jamais à toujours.

Ainsi sonnent les heures
Au bon beurre, au bon leurre.
Aucun répit pour la pendule
Qui ne peut coincer la bulle.

Ainsi les paroles s’envolent
Fondent, fondent les pôles
D’attentes toujours comblant
Bouillon-blanc, bouillon-blanc.

Ainsi s’en vont et reviennent
En file indienne, file indienne,
Les souvenirs du printemps
Jeunes et vieux d’antan.

Infernale farandole
Métropole, métropole,
Cigales et fourmis chantez.
Prêts à recommencer ?

 

11 Janvier 2020 – Jeannine Castel

Les poèmes de Chatnine
Photo : Amandio Antunes photographie sur Facebook

 

 

 

 

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