MOUSIK
«Depuis des plombes, anxieux, je tanque,
Le cœur cognant comme une boule de pétanque.
Je ne me vois pas passer l’hiver en garnison
Sans les froufrous et galipettes d’une toison.
La saison des amours aux alentours bat son plein
Et toujours pas la moindre ourse sur mon terrain !
Venu de loin, sans partenaire, je m’offre une pause
En cette clairière d’herbes vertes et de fleurs roses.
À la fois confiant et dubitatif, l’esprit vagabond,
Je chasse cette voix intérieure casse-bonbon
Qui essaie de décourager mon attente, mes espoirs,
D’une hasardeuse conquête pour plusieurs soirs.
Mes oreilles, telles une girouette, captent tous les murmures,
Les frémissements me signalant les prémices d’une aventure.
Les baies viennent de murir, le coin est ensoleillé,
Je me laisserais même jusqu’à légèrement sommeiller,
Sursautant au bruit du raisin d’ours, de la camarine
Qui tombent sur le sol et chatouillent mes narines.
En attendant d’être épuisé par le rut de mes amours
J’attends, posté en sentinelle, sur cette couche de jour.
Aucun mâle dominant aux environs me rassure …
Toutes les conditions favorables offertes par la Nature
Sont là pour un accouplement sur mon espace privé
Délimité par les expressions de ma figure ravivée.
Ravivée par l’incertitude, la menace, l’audace du plaisir.
Mes griffes tressaillent prêtes à m’en saisir.
Suspens ! Viendra-t-elle, viendra-t-elle pas cette ourse …
Je suis si bien ici, j’ai pas envie de repartir en course.
J’essaie de profiter de l’instant présent sans trop réfléchir …
Mais n’est-ce pas une ourse là-bas, belle à ravir ? …»
4 octobre 2019 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photos : Gilles Thomas sur Facebook
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