Près de mon arbre
Ce monstre, au bord de l’asphyxie,
Torturé, condamné à l’anorexie,
Par ses racines envahies de métastases,
Déformé, s’abreuve, en extase,
Aux essences de ce pin maritime
Qui s’apprête à tomber dans l’abîme
D’une mer si incline à ses appels
Et dont les vagues d’un archipel
Rêvent à ces rivages lointains
Aux rochers plus tendres et câlins.
Ce monstre, de ses membres déformés
Telle une pieuvre et son armée,
Veut atteindre de l’arbre le sommet …
Coiffé de la chevelure de Salomé,
Transformé en sirène par Shiva,
Sous l’avide regard d’un cobra.
Sur le sentier, des tortues, indifférentes,
Assistent à cette histoire transparente
Foulée par des randonneurs rêveurs.
Jusqu’à ce qu’un admirateur
Attiré par ces ramures de bois
Voulut calmer le désarroi
De cet arbre luttant pour la vie,
Pris à l’assaut par de mortelles envies.
Après tant de tempêtes, chacun s’entête
Tirant à hue et à dia sa quête.
Ce dragon, sans queue ni tête,
Attend les artistes et poètes
Qui s’assoient avec leurs secrets
Face à cet arbre de vie friable comme la craie.
19 Avril 2018 – Jeannine Castel
Les poèmes de Chatnine
Photo : Alain Duverger
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