Archive pour avril, 2016

Il a suffi

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à Nathalie Drieu

 

Il suffit d’un mot, d’une émotion,
D’un regard, d’une complice admiration
Pour que ma muse s’agite au bout
D’un crayon silencieux devenu fou.
Fou, le mot convient peu.
Crissent, freinent ses pneus …

Il suffit d’un compliment encourageant
Pour qu’aussitôt cette amoureuse du géant,
Même quand je fais mon ménage,
Me bouscule, m’envahit de ses bavardages
Plus fortement que le temps si précieux.
Elle stoppe mon quotidien laborieux.

Il suffit d’un morceau de papier ordinaire
Qui traîne ici et là, débonnaire,
Pour que cette créatrice le remplisse
D’un jet rapide, tel un feu d’artifice,
De lettres, de blancs, de signes en questions
Qui mettent mon esprit en ébullition.

Seule ma main guidée réfléchit
Sur l’état de ces écrits,
Interroge l’ardeur de cette inconnue
Qui surgit, sans prévenir, méconnue,
Me ramène quelque joli compliment
Comme le votre à mon savoir ignorant.

Il suffit d’un mot, de trois fois rien,
Pour déloger d’un monde qui me revient
Des esprits qui demeurent désormais
Sur un réseau de voix éteintes, mais …
Présentes pour occuper ce vide qui me soutient.
Il a suffi, entre vous et moi, de Ô combien ?

 

 

30 Avril 2016
Jeannine Castel

Publié dans:Poèmes dédicacés |on 30 avril, 2016 |Pas de commentaires »

O Joie !

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Ô Joie ! Illumination d’un visage sérieux,
Dans un sourire, un bonheur des yeux.
Demeurer dans ton étincelante clarté
Pour de la tristesse, fuir à tout jamais.

Ô Joie ! Richesse du coeur assoiffé d’amour
Sublime consolation du vilain faux-jour.
Ta joie, Seigneur, est à perpétuité.
Nouvelle tombe du condamné.

Ô Joie ! L’amertume est délaissée
Pour laisser le regret exister assez
L’instant d’un plaisir retrouvé
Sans pensées.

Ô Joie qui se nourrit d’artifice.

 

26 Mai 1991
Jeannine Castel

 

 

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 29 avril, 2016 |Pas de commentaires »

En poussant la porte

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à Touria, ces quelques mots.

On reconnaît les mots quand ils viennent du coeur,
On se laisse bercer dans leur douce torpeur.
Ces mots au débit si prolifique
Qui me bousculent comme la colique.
Ils ne me rapportent aucun euro.
Ils m’enrichissent de leurs mots
Emus quand une délicate dédicace
Vient, de sa chaleur, briser la glace.
Mes chats, jaloux de leurs fréquences,
Manifestent, perturbent, leurs essences.
Ils agacent le fluide de mon inspiratrice
Qu’en Touria, mes mots, ont trouvé calice.
Avec ses mots si joliment dits
Ses mots qui n’ont pas de prix.
Ses mots qui vont réjouir à mon insu,
Les mots cachés à ma connaissance, inaperçus.
Des mots qui ne sont que des mots
Qui circulent entre un coeur et un cerveau.
En poussant la porte des mots
De quels émaux allons nous embellir nos maux ?

 

28 Avril 2016
Jeannine Castel.

 

Publié dans:Poèmes dédicacés |on 28 avril, 2016 |3 Commentaires »

Génération iPhone

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Ils sont arrivés leurs mains tenant
 Ce précieux trésor ambulant,
Ont pris place comme des automates,
Les yeux fixés sur l’écran,
De leur valise de diplomate.

Ils se sont assis sans se parler.
Une fille portait un bracelet
Sur une cheville de délinquante.
Ligne 36B, Sainte Roseline absente,
Survivants de passions ardentes.

Semblables à de rigides réverbères,
 Seuls leurs doigts brassaient de l’air
Connectés sur des ondes invisibles.
Ils ont échangé avec leurs fusibles,
Se sont congratulé de mimiques irrésistibles.

Ils sont descendus de l’autocar,
Ectoplasmes aussi peu bavards,
Toujours leurs mains tenant
Cet envoûtant petit écran
A la face d’un monde, kidnappant
Le banal quotidien des pauvres gens.

 

 

28 Avril 2016
Jeannine Castel

 

 

 

 

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 28 avril, 2016 |Pas de commentaires »

Etre voyant selon Rimbaud

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« Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyantLe poète se fait voyant par un long immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit – et le suprême Savant ! – Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé !. »

 

Lettres dites du voyant – Poésies 1870 – 1871
Arthur Rimbaud

 

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 27 avril, 2016 |2 Commentaires »

La limace

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La limace baveuse, flasque, cajoleuse,
Sur l’herbe de la forêt mouillée
Joue entre mes pieds, moqueuse.
Montrant ses cornes débraillées,
En défi à la pluie qui tombe,
Elle sort de sa tombe.

Brunâtre, le corps pigmenté,
Sur le chemin, en promenade,
Elle forniquait sur ce sentier fréquenté
Avec une autre limace camarade.
Le pied rageur d’un randonneur anonyme
A écrasé ce plaisir sublime.

Par braguette visionnaire au repos,
De mâles plus ou moins hardis,
J’imagine la limace porno
De tous ces poseurs de bigoudis
Qui bandent encore, nul doute,
Quand … tout à coup sur le chemin,
Une limace allait bon train…

2 Août 1987 - Jeannine Castel

 

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 27 avril, 2016 |Pas de commentaires »

Lac du lauch

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Le vent du Nord a glacé mes membres.
Vosges que sont froides tes chambres.
Tes forêts peuplées d’hêtres et de fougères
Ont l’âme triste mais prospère.
Que sombres sont tes cieux Markstein,
Le brouillard familier doit cacher Frankenstein !
Parvient-il souvent jusqu’ici
Le soleil dans ce ravissant pays ?
Le vent agite les herbes des champs,
Les fleurs manquent de vie par ce méchant
Temps qui règne sur ces hauteurs.
Que dure est cette région d’anciens Seigneurs.
Rafraîchissement général il est vrai.
N’avais-je pas prédit à peu de frais
Qu’il y aurait de plus en plus
De catastrophes naturelles et de farfelus.
D’une boussole où le Nord
Chante au vent le vain effort
Qu’il me faut déployer, face aux vacanciers,
En poids et mesures à mon balancier.
Je dois m’isoler coûte que coûte …
Ils m’ennuient avec leurs doutes
Qui sont les mêmes. Dieu viens
A mon secours, quel temps de chien !

 

26 Juillet 1987 
Jeannine Castel 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 27 avril, 2016 |Pas de commentaires »

Jocelyne

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Perchée sur ses talons aiguilles,
Bien des années après la quille,
Elle est restée jeune fille
En dépit de quelques quadrilles.

Son trousseau n’a connu que le froid.
Aucun anneau, aucune bague au doigt,
Ni mari du plus petit qui soit
N’a logé et couché sous son toit.

Je l’ai revue ce matin
Du même sourire enfantin
Que lorsque je la croisais de loin
Tapant du courrier avec entrain.

Le caddie a remplacé la machine.
Si petite, si menue, rousse Jocelyne,
Aux jambes si frêles à la Dubout
Épousant les rafales de ce vent fou.

Perchée sur ses talons aiguilles,
De bon matin, sans joyeux drille,
J’ai revu l’éternelle jeune fille
Sautillant, telle une anguille, sur ses quilles.

 

25 Avril 2016 - Jeannine Castel

 

 

Publié dans:Poèmes dédicacés |on 25 avril, 2016 |Pas de commentaires »

Dernier cru

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Ça y est ! Rocman, Ministre de la zizanie
Sans fils de soie, dans une gauche dégarnie,
Met aux abois le gouvernement
Déjà la risée de tant de gens.
Quels arapèdes vont adhérer
Aux parties de cet illustre rocher ?
Ce sauveur jaillit de la Politique 
Dans quelle mer de flots chimériques
Va-t-il sauver la France du naufrage ?
Après les tulipes, le fromage des Landes,
De quelle caverne d’Ali-Baba, ce farfelu,
Va-t-il renflouer ce passé de la berlue ?
Diviser pour mieux régner, même devise,
De bises aux brillantes saveurs d’emprises
Sur des esprits de conquérants de nouveau monde
Qui oublient que la Terre est ronde.
Ronde comme cette pause à quatre temps
Qui sourit, en silence, écoute ce Rocman.

24 Avril 2016 - Jeannine Castel

 

Publié dans:Etat |on 24 avril, 2016 |2 Commentaires »

Pèlerinage à Ganagobie

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Des allées d’iris mauves fanés,
Quelques rares coquelicots engourdis,
Huit bénédictins en cette année,
Des laudes aux complies, psalmodient
En ce Prieuré de Notre-Dame de Ganagobie
Situé au-dessus du lit de la Durance.
Camouflé dans les arbustes, il soulage les phobies
De ces visiteurs venus du vacarme, de l’errance.
Seul le tintement de la cloche, d’un frère
Suspendu à la corde, annonce les offices
Aux pèlerins en marche vers ce monastère.
D’anciens compères Huguenots maléfices
Saccagèrent, pour laisser à l’abandon,
L’Abbaye fondée par un Evêque de Sisteron.
La voie Domitienne, courte et sure selon Strabon,
Longeait ce plateau bordé d’abruptes cloisons.
Pissenlits, trèfles fleuris, bordent les chênaies.
Les cognassiers promettent des pâtes de fruits.
Les pèlerins troublent ce silence des prés
Sous un soleil voilé s’isolant des bruits.
Une conférence sur le Monachisme va clore
Ce Pèlerinage d’une journée sonore.
De nouveau la cloche sonne, l’heure me dévore.
Même ici, ce temps me presse, me presse encore …

 

23 Avril 2016 - Jeannine Castel

 

Publié dans:Littérature et Poésie |on 24 avril, 2016 |Pas de commentaires »
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