Il a suffi
à Nathalie Drieu
Il suffit d’un mot, d’une émotion,
D’un regard, d’une complice admiration
Pour que ma muse s’agite au bout
D’un crayon silencieux devenu fou.
Fou, le mot convient peu.
Crissent, freinent ses pneus …
Il suffit d’un compliment encourageant
Pour qu’aussitôt cette amoureuse du géant,
Même quand je fais mon ménage,
Me bouscule, m’envahit de ses bavardages
Plus fortement que le temps si précieux.
Elle stoppe mon quotidien laborieux.
Il suffit d’un morceau de papier ordinaire
Qui traîne ici et là, débonnaire,
Pour que cette créatrice le remplisse
D’un jet rapide, tel un feu d’artifice,
De lettres, de blancs, de signes en questions
Qui mettent mon esprit en ébullition.
Seule ma main guidée réfléchit
Sur l’état de ces écrits,
Interroge l’ardeur de cette inconnue
Qui surgit, sans prévenir, méconnue,
Me ramène quelque joli compliment
Comme le votre à mon savoir ignorant.
Il suffit d’un mot, de trois fois rien,
Pour déloger d’un monde qui me revient
Des esprits qui demeurent désormais
Sur un réseau de voix éteintes, mais …
Présentes pour occuper ce vide qui me soutient.
Il a suffi, entre vous et moi, de Ô combien ?
30 Avril 2016
Jeannine Castel