Conquête

Un amour inconnu est passé dans ma nuit.
Cet intime moment est venu sans pudeur
Surprendre la chasteté qui habite mon coeur
Pour ne pas être accompagnée d’ennui.
A-t-il été là que pour cette confession ?
L’absence fait abstinence de quelques démons.
A l’heure libertine, je fis sensation
D’une heure jouissive en ces abandons.
Ombre chinoise sous le regard surpris
De l’indiscrète panoplie de rideaux
Laissant à ce souvenir alangui, meurtri,
Tendresse pour ces quelques oripeaux.
Débat silencieux à l’abri du râle,
Film muet comme ce pernicieux SIDA …
Lointaine scène d’opulentes bacchanales
Que j’ai imaginées sans ébats.

 

 

Le … du le …
Jeannine Castel

Révoltes

L’araignée, indifférente, tisse sa toile.
Quelques grives musiciennes chantent timidement.
Le soleil est en pourparler avec les étoiles,
D’une grève, il menace le firmament.
Complice, la lune le soutient, complote,
A cette idée la voie lactée est désorientée,
Les constellations préviennent l’horoscope
Que le ciel va fermer ses bontés.
Affolée, la nuit plus noire que jamais
Tâtonne vers le jour déjà alarmé.
La Terre voit son monde affamé,
L’Apocalypse en est désarmée.
Mais la lune depuis qu’elle attend,
Qu’elle rêve de ce beau ver luisant,
Pense que ce bel amant
A trop de rayons galants.
Elle rejoint aussitôt son ciel favori,
La voie lactée et ses nombreux chéris.
L’araignée se cache et attend sa proie
Insouciante au soleil qui rougeoie.

 

 

 25 Janvier 2016
Jeannine Castel

 

 

Lou souleou mi fa canta

Parti en week-end prolongé, ce matin
Le soleil fait la grasse matinée.
Les nuages amicaux, sans entrain,
Lui cèdent quelques parcelles, chagrinés,
Par cet astre capricieux, vagabond,
Unique pour tout un Univers,
Se jouant de ces précieux compagnons.
Paresseux, lanterne des jours d’hiver,
Le voici de nouveau sous la couette,
Les altostratus ont assiégé son espace.
Il a suivi le sens d’une girouette
Où ses rayons ont renommée sur Place.
La nature fait silence,
Elle déplore son absence,
Si loin sont les grandes vacances …
Mais aujourd’hui ce cuisant ami fait bombance !
La brume enveloppe les versants du Mt Faron,
Donne à l’horizon ce flou blanchâtre,
Qui cache le Fort Napoléon.
TOULON, sans soleil, c’est une ville sans âtre .

 

 

25 Janvier 2016
Jeannine Castel

Au pays des caribous (fin)

Le lac St Jean baigné de notre mélancolie
De ses vagues ranime nos amours riverains.
Séparés d’un retour, ces images jolies
S’attardent pour d’autres lendemains.

Des eaux sans limite, pour un limité séjour,
Québec, province d’anciens bourgeois, attendait
Ces fidèles des plaines d’Abraham aux gais contours,
Forêts de feuillus rouges et or, entendez !

Entendez, après Trois-Rivières,
Cet hommage d’un été de la St Martin.
Ste Anne de Beaupré, mosaïque hospitalière,
Couronne les coeurs de ce choeur de pèlerins.

Guidés par Claude, un tardif québécois,
Véhiculés par Denis, sur ces chemins encore
Nous dérivons de quelques feux de bois,
Pèlerins amoureux d’angéliques aurores.

Au pays des caribous, l’hiver s’est installé,
La neige a recouvert nos traces sans prière.
De ces terres étrangères, l’absence renoue
La présence que Dieu met en chacun de nous.

 

 

12 Décembre 1997
Jeannine Castel

Au pays des caribous (2)

Cimetières en liberté sur des prés verdoyants,
En ces vertigineuses chutes d’eau, ruissela
Quelque anniversaire. Niagara, de voiles blancs,
Nous offrit l’envol sur ce bonheur, là.

Des messes itinérantes nous sauvèrent de la routine,
La splendeur des églises ravit nos âmes mutines
Embarquées aux Mille îles pour d’enchantées comptines.
Musée des civilisations, du totem à matines …

Ottawa, fontaine du Centenaire,
D’un rideau nous ramena au petit Lourdes.
Oratoire St Joseph, de timides écureuils abandonnèrent
Ce Saint lieu à nos voix sourdes.

N.D. du Cap, flambeau d’un estuaire,
Dentelle bretonne de calvaires réminiscents
Et toujours les acres de la terre
Demeures d’un Royaume resplendissant.

Parc St Félicien à quelques pas des Indiens,
Val Jalbert, bleuet d’une journée,
De billots de bois entassés, je me souviens
Qu’au chant de la baleine, Tadoussac a fredonné.

 

12 Décembre 1997
Jeannine Castel

Au pays des caribous (1)

C’est en quelques vers, de cet autre Cana,
Qu’il me faut, d’un séjour au Canada,
Vous reparler d’amours et de bélougas
Hosanna !

Toronto, cuivré d’un vert de gris,
Vit arriver nos pèlerins français.
En ce manhattan où vit la nuit
Dieu nous accompagnait.

C’est un pays très grand
Qui se visite en car, à pas de géant,
Montréal, un ciel et terre, souterrain vivant,
Embrasse de ses rives le Saint Laurent.

Sanctuaire ombragé d’un clergé
Les martyrs de Midland, Saints reconnus,
D’une messe célébrèrent notre apogée
En cet automne discret et méconnu.

Traffic routier de poids lourds d’acier
Une bûche fut tirée autour de la table,
Chaque repas nous invita, initiés,
Au spécialités arrosées de sirop d’érable.

 

12 Décembre 1997 - Jeannine Castel

La nuit d’un chant

Du fond de l’océan
Quand j’étais enfant
Ces cris et sifflements sonores
Berçaient mes lointaines aurores.
Jaillis des flots ses messages,
Incompris de bien des Sages,
Au mystère des profondeurs
J’étais navigateur…

En tenue de soirée grise.
Ses sons me grisent.
La baleine à bosse
M’invite en son carrosse.

Cachalots et marsouins rivalisent
Bercent de belles vocalises
Les bancs de petits poissons
Amoureux de leurs chansons.

Orques et daupins
Entonnent ses refrains
Aux notes noires et blanches
Se frôlent et s’épanchent.

De leurs sons lancinants
Ils réchauffent de leurs chants
Les abysses de l’océan
Vont et viennent dansant.

Cette grande voyageuse
Corpulente nageuse
D’eaux froides et chaudes
Aime leurs chiquenaudes. 

Du fond de l’océan
Quand j’étais enfant
Va s’évanouissant
Dans la nuit leurs chants.

Tadoussac – du Saint Laurent – Septembre 1997
Jeannine Castel

Langueurs

Les voix des défunts parfois
M’arrivent en sourdine aux oreilles
Dans ce monde autour de moi
Qui chante et s’émerveille
Sur des sonorités d’accords mélodieux,
Alors que ces divins murmures en sourdine
Chuchotent à ma nostalgie ce précieux
Souvenir figé sur des portées de béguines.
Respirations entre deux mondes reliés,
Monde visible et invisible de voies parallèles,
Conscient et inconscient d’un réseau planifié.
Il a suffi qu’une ancienne ritournelle
Vienne jusqu’à moi, ce soir, murmurer
Ce que mon coeur, pris au dépourvu,
Pour ces disparus avait langueur
De tendres bonheurs vécus.
Les voix des défunts parfois …
Quand je languis de toi …
J’ai si froid …

 
22 Janvier 2016
Jeannine Castel

 

 

 

 

 

Prestance

A l’Age d’Or, il prit cinq roses,
Rouge d’amour et de passion
Agrémentées de gypsophile rose
Joli bouquet et diapason
Serré, noué, enrubanné,
Transparence de la clarté.
Il vint chez moi me les offrir,
Attention délicate, me fit plaisir.
Dans du cristal prirent leur place,
En son coeur d’eau et non de glace.
Posées à terre délicatement
Bouquet chantant.
Observant de plus près, il s’aperçut
Qu’une rose étêtée trônait, là, par dessus.
Le mystère demeurera
D’une rose qui mourut là.

 

 
4 Juillet 1985
Jeannine Castel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l’Age d’Or, il prit cinq roses,

Rouge d’amour et de passion

Agrémentées de gypsophile rose

Joli bouquet et diapason

Serré, noué, enrubanné,

Transparence de la clarté.

Il vint chez moi me les offrir,

Attention délicate, me fit plaisir.

Dans du cristal prirent leur place,

En son coeur d’eau et non de glace.

Posées à terre délicatement

Bouquet chantant.

Observant de plus près, il s’aperçut

Qu’une rose étêtée trônait là, par dessus.

Le mystère demeurera

D’une rose qui mourut là.

 

 

4 Juillet 1985

Jeannine Castel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Boucs et biquettes

Amis de mon escorte sur Facebook,
Vous dérange la puanteur de mes boucs ?
Je déplore votre sens du partage,
Fatiguant de monter les étages !
Certes il faut une base et un sommet
D’une entropie dont les forces déplumées
Ne sont que poussières de nos avenirs,
A chacun la passion de ses plaisirs.
Quelques uns d’entre vous émergent,
Rêvent sans commentaire sur mes berges.
Jusqu’à de lointaines contrées va
Ma poésie qui s’ennuie de vos éclats.
Mais que faites-vous ici me direz-vous ?
En chemin, j’ai fait comme vous !
Sur cet écran d’un livre à facettes,
J’ai appris à sortir de ma liquette,
A regarder autre que mon nombril,
D’apprendre encore de vos queues de persil.
Mais sans doute êtes-vous venus Fb anonymes
Sur la publication de mes rimes …
L’oiseau qui plane au loin disparait,
Apeuré par vos raz-de-marées !

20 Janvier 2016
Jeannine Castel